Complet 2024 : Kassidy de Molion s'installe en tête du Championnat des 4 ans
Le dénouement final fut extrêmement tendu dans ce Championnat Cycle Classique 4 ans où la victoire s’est jouée à quinze centièmes. Celle-ci est finalement revenue au mâle bai KASSIDY DE MOLION associé à Julien Klinguer, devant KDEUX BOIS BLANC, monté par Benoît Delavigne. Violette Rosen parvient à se hisser sur le podium avec son bon KOUP DE COEUR NICO, Elite lui-aussi, tout comme KRONOS OMEGA et KAMOOLOX, respectivement 4ème et 5ème.
Braquage réussi pour Kassidy !
Avec un nom pareil, inutile de dire que son avenir est tout tracé. KASSIDY DE MOLION ne fait que commencer à gagner… ! Né au GAEC de Molion, en Haute-Marne, au pied du célèbre plateau de Langres, il associe un père champion de saut d’obstacles et une mère davantage orientée vers le dressage, mélangeant hanovrien et trakhener...un cocktail somme toute parfait pour le concours complet ! Troisième après le dessage, sans faute sur le test de saut d’obstacles et le cross, KASSIDY DE MOLION s’est imposé grâce à son style et son modèle. « Je l’ai conçu moi-même » explique Ephigénie Lemaire-Jacquottin. « C’était ma première année en tant qu’inséminatrice, après ma formation au Haras du Pin. Je cherchais un étalon capable d’apporter de la qualité à l’obstacle à ma jument aux origines dressage pour faire un cheval de complet ». Son choix se porta sur Andiamo Semilly, ce fils de Diamant de Semilly à la production désormais reconnue. Né à la maison, Kassidy vécut en troupeau avec les autres chevaux de l’élevage. « Nous l’avons vendu juste débourré à Julien et Laura Klinguer en février dernier » dit-elle. « C’est un cheval bien dans sa tête. Nous les travaillons beaucoup à six mois, nous les rentrons toujours le premier hiver, ce qui rend le débourrage facile. Nous n’avons pas débourré Kassidy plus tôt car j’étais enceinte » explique-t-elle. « Lors de sa première épreuve à Mourmelon, il s’est très bien comporté. Je me suis dit qu’il irait à Pompadour, mais de là à ce qu’il soit champion... ». A la tête d’un cheptel de dix-huit poulinières, le couple Jacquottin doit jongler aussi avec ses vaches pour lesquelles ils installent un robot de traite.
KASSIDY DE MOLION & Julien Klinguer - Crédit photo : PSV Photo
« J’aurais aimé aller à la finale mais j’avais trop de travail » avoue-t-elle. « J’étais comptable au départ, puis j’ai passé mon diplôme d’enseignante d’équitation et j’ai ouvert une écurie. Petit à petit, je me suis tournée vers l’élevage. J’étais davantage cavalière de dressage mais je me suis dirigé progressivement vers le complet grâce à ma fille. Nous produisons des chevaux polyvalents sur de beaux herbages...aussi bons qu’en Normandie » glisse-t-elle avec humour. « J’ai toujours Gabyussa Molion, la mère de Kassidy. Elle nous a d’ailleurs donné un magnifique poulain d’Ekano DKS que j’aimerais confier à Julien et le garder entier. » Gabyussa Molion est inscrite au stud-book sBs, mais produit en Selle Français. « J’ai travaillé auparavant avec le Docteur Vétérinaire Patrick Collard pour les inséminations qui m’a demandé d’inscrire mes poulains en Belgique. J’en ai donc six nés sBs. Puis j’ai décidé de devenir moi-même inséminatrice » précise-t-elle. Gabyussa est ainsi pleine du prometteur Joker d’Euskadi pour 2025. « Je ne m’attendais pas du tout à voir l’un de mes poulains à ce niveau. C’est une grande joie, la concrétisation de tous nos efforts » dit-elle. Rendez-vous est pris l’année prochaine avec Kassidy et Lollypop de Molion sur le circuit SHF de concours complet.
KASSIDY DE MOLION & Julien Klinguer - Crédit photo : PSV Photo
Kdeux Bois Blanc, le Cantal au firmament
Christian Riss avait pourtant raccroché les bottes depuis longtemps. Mais le virus a été plus fort. Professionnel dans la filière de son adolescence jusqu’à ses trente ans, il finit par retourner s’installer à la campagne avec sa femme Véronique Angeli. C’était il y a dix ans. « Il y a sept ans, nous avons commencé l’élevage avec une jument, pour finalement en avoir entre cinq et sept » dit-il. Leur première acquisition fut Calida des Aucels Z, la mère de Kdeux. « Elle nous a donné pas mal de bons chevaux dont une jument, Dido Bois Blanc Z, finaliste à 5 ans » détaille-t-il. « A trois ans, nos produits partent chez Pierre Defrance à Sandillon, qui gère la valorisation. C’est un peu le hasard que Kdeux se soit retrouvé en concours complet. » En effet, Kdeux a réalisé une saison sur le circuit SHF Cycle Classique de saut d’obstacles soldée par 11 sans faute sur 15 parcours, et une participation à la finale de Fontainebleau, terminée sur une petite faute sur le dernier obstacle de la seconde manche. « C’est difficile de trouver un pilote parfois » avoue-t-il. Benoît Delavigne a néanmoins réussi une belle saison, avec à la clé deux finales et un titre de vice-champion. « Nous vendons en fonction du marché, mais rarement foal et jusqu’à deux ans. Une fois qu’ils sont partis au travail, ils sont officiellement à vendre. Si la qualité est là, on essaie de les garder jusqu’à 6 ans, sinon nous vendons dès que possible. »
KDEUX BOIS BLANC & Benoit Delavigne - Crédit photo : PSV Photo
Sa fille a attrapé elle-aussi le virus. « Elle étudie à la fac tout en montant chez Pierre Defrance » dit Christian un brin soucieux. Cet Auvergnat d’origine se sent bien dans son nouvel environnement. « Je venais souvent à Malbo avec ma grand-mère quand j’étais petit. Quand nous avons voulu quitter la ville, nous avons trouvé une petite propriété ici..et finalement j’ai été élu maire de la commune ». A la tête de six poulinières et d’environ une trentaine de chevaux, le sexagénaire se consacre exclusivement à son élevage déjà primé par le passé. « J’ai vendu Catch Me Bois Blanc à Clara Loiseau. Elle a terminé 4e à 4 ans, 3e à 5 ans et 16e cette année à Pompadour. Nous avions un troisième produit cette année à la finale, Karbone Bois Blanc qui finit 7e du Championnat des 4 ans. » Ces succès l’ont encouragé à investir notamment dans un centre d’insémination en partenariat avec le vétérinaire local. « Avant nous faisions appel à un vétérinaire de Clermont-Ferrand. Cela engendrait du stress pour les juments. Aujourd’hui, tout fonctionne nettement mieux » admet-il. De quoi envisager l’avenir avec optimisme pour ce passionné.
KDEUX BOIS BLANC & Benoit Delavigne - Crédit photo : PSV Photo
Upsilon, le coup de cœur des Blondeau
Direction le Saumurois pour le troisième de ce championnat, et plus particulièrement St Hilaire St Florent, où sont installés Florence et Nicolas Blondeau. Un patronyme bien connu des passionnés puisque KOUP DE COEUR NICO est né chez le créateur de la fameuse ‘Méthode Blondeau’. « Nous avons juste un petit élevage basé sur la souche de Bourrée » précise Florence. Bourrée fut le premier coup de génie d’André Chenu, fondateur de l’élevage du Plessis avec sa femme Annick. Rendue célèbre grâce à son fils Ptit Pol, elle engendra une descendance prolifique, tant sur les plans quantitatif que qualitatif. « Nous avons acheté la mère de Koup de Coeur, Bugatti du Plessis, lorsqu’elle avait trois ans. Cela faisait des années que nous rêvions de cette souche » dit-elle. Jamais sortie en concours à la vue de sa génétique, elle donna un premier produit malheureusement accidenté, puis un second, Grâce A Flo, désormais sous la selle d’Allan Pacha, et un troisième, J’T’Adore Nico, qui termina 2ème du CIR du Lion d’Angers à 5 ans en saut d’obstacles mais que ses naisseurs n’emmenèrent pas à Fontainebleau. « Le quatrième fut Koup de Coeur, le propre frère de J’T’Adore par Upsilon. Nous l’avons élevé comme les autres, en troupeau avec ses frères et sœurs. » Évidemment, Koup de Coeur fut débourré selon la méthode Blondeau, dont Violette Rosen, sa cavalière et propriétaire, s’est inspirée.
KOUP DE COEUR NICO & Violette Rosen - Crédit photo : PSV Photo
« C’est le premier poulain de cette souche que nous vendons en l’espace de dix ans » avoue Florence. « Nous l’avons fait car Violette est entraînée par Jean-Yves Bonneau. Nous entretenons des liens très forts avec la famille Bonneau depuis longtemps. » Koup de Coeur est une fils du crack de Thomas Carlile, Upsilon, un choix logique pour le couple. « Nous l’aimons beaucoup notamment par rapport à son modèle. J’ai débourré Espri du Figuier, un autre Upsilon né chez Thierry Fruchet dont nous sommes proches » explique Nicolas Blondeau. « Nous n’avons que quatre poulinières qui portent elles-mêmes leurs poulains. C’est un choix » explique-t-il. Quatre année de suite, Bugatti a donné naissance à quatre produits de Comme Il Faut, trois femelles et un mâle. « Nous avons castré le propre frère de Koup de Coeur, J’T’Adore, qui était un peu chaud. La souche Chenu a beaucoup de caractère, donc il faut s’en occuper dès la naissance. Plus le temps passe, mieux la mère est » ajoute Nicolas. Au sevrage, les poulains sont confiés aux bons soins d’un ‘sevreur’ qui leur apprend à vivre en groupe avec une hiérarchie et des règles à respecter. « Les Chenu sont de très grands amis. Ce que nous récoltons aujourd’hui est le fruit de leur travail de sélection, valorisation, éducation. Nous leur ressemblons en tant que couple. » Les Blondeau possèdent une seconde poulinière, offerte par Renaud de Laurière peu avant sa disparition, propre sœur d’Alertamalib’Or. « Jean de Laurière fut l’un des plus grands Hommes de cheval » se souvient Nicolas, « ses trois fils ont hérité de sa passion. Et finalement, Renaud a convaincu Olivier de nous donner Ritamitsuk’Or ». Depuis, la fille de Yarlands Summer Song leur a offert cinq poulains, dont quatre Upsilon. Les Blondeau, seraient-ils fans du gris… ?
KOUP DE COEUR NICO & Violette Rosen - Crédit photo : PSV Photo
Le podium de ce Championnat Cycle Classique 4 ans 2024
1- Kassidy de Molion, sf (Andiamo Semilly, sf), né au GAEC de Molion (Grand-Est), monté par Julien Klinguer (Belfort) – 27,70 pts
2- Kdeux Bois Blanc, sf (Faut-Il des 7 Vallons, sbs), né à la SCEA Lagad Eryr - Veronique ANGELI et Christian RISS (Auvergne-Rhône-Alpes), monté par Benoît Delavigne (Loiret) – 27,85 pts
3- Koup de Coeur Nico, sf (Upsilon, aa), né chez Florence & Nicolas Blondeau (Pays de la Loire), monté par Violette Rosen (Ile-de-France) – 28,30 pts