Pompadour CCE 2023 : JUMPY FLORENTINES sacré Champion des 4 ans
Un sauteur sachant dresser, un dresseur sachant crosser, et un heureux melting pot européen, voici le panorama résumé de ce podium du Cycle Classique 4 ans de concours complet. Grâce à un meilleur dressage, JUMPY FLORENTINES offre à Olivier Chapuis son premier titre SHF, devant JUNIOR DE LA MOULINE, habilement mené par Cyril Gavrilovic (2èmes), et JOLI COEUR MENJOULET présenté par Mae Cante (3èmes). Au total, les cinq premiers de ce championnat obtienne la mention Elite.
Jumpy Florentines, un degré au-dessus
Alors que l’on attendait davantage son père comme producteur de chevaux orientés saut d’obstacles, JUMPY FLORENTINES démontre que Fahrenheit de Vains peut également s’avérer utile pour produire de bons chevaux de concours complet. Le fils de Cornet Obolensky issu de l’excellente souche du Thot de la famille Noël voyait là sa toute première génération de poulains évoluer sur le circuit SHF. Dans le cas de Jumpy, il a été marié à Entre Deux d’Argonne, une fille de Kapitol d’Argonne, ce grand champion international cher à Pascal Trassart et disparu récemment, sur l’une des très bonnes souches exploitées par Michel Gabillot à l’affixe ‘du Banney’, celle de Picnik (Fra Diavolo, ps), mère de Bamboula (ISO 169) et à l’origine de l’étalon Valespoir Malabry (ISO 167), Aurnella (ISO 180), Edile des Noës (ISO 151), Enzzo (ISO 151), Funky V (ISO 164), ou encore Quinoto Bois Margot. Ce papier ‘très CSO’ a visiblement plu à Olivier Chapuis, cavalier de Jumpy cette saison.
JUMPY FLORENTINES & Olivier Chapuis - Crédit photos : PSV Photos
En seulement trois épreuves qualificatives, le couple s’est qualifié pour la finale de Pompadour. « La saison a été brève pour lui » dit Olivier. « Le cheval était assez vert, il a pas mal grandi au cours de l’année, je n’ai pas voulu aller trop vite. Un mois et demi avant la finale, à partir du concours de Brazey, nous avons accentué le travail afin de le préparer pour la finale. » Cette stratégie s’est avérée gagnante. Installé aux Ecuries Mas Robin à Mollégès, près d’Avignon (Bouches-du-Rhône), Olivier anime une écurie de valorisation et de commerce. « Nous avons acheté Jumpy avec mon conjoint l’an dernier directement à l’élevage d’Argonne » explique-t-il, « Pascal Trassart l’a élevé pour Monsieur Eberhart, l’un de ses clients, ce qui explique pourquoi il ne porte pas son affixe. C’est un cheval que nous avions juste vu fonctionner en liberté et nous avions aimé sa locomotion et son aptitude à l’obstacle. On a tout de suite adoré son fonctionnement, son équilibre, sa force. Il est assez froid dans sa tête. C’est un grand gabarit donc il a un peu de mal à tout entreprendre pour le moment. Avec le temps, nous allons développer ses aptitudes. » Acquis dès le départ dans le but de le revendre, Jumpy Florentines va pour le moment poursuivre sa formation avec son cavalier habituel sur le circuit SHF, avec le soutien de tout le staff des écuries, ravi de suivre les aventures du grand bai.
JUMPY FLORENTINES & Olivier Chapuis - Crédit photos : PSV Photos
Junior de la Mouline, le dresseur sachant crosser
Les observateurs avisés auront reconnu si ce n’est une affixe, du moins un nom, celui du vice-champion des Espoirs du Complet 2022 (un championnat auquel participait cette année encore un produit de la même maison, Kolanta de la Mouline). « J’élève depuis trente ans » raconte Danièle Doumergue, sa naisseuse. « J’ai d’abord élevé des poneys Connemara près de Perpignan puis j’ai déménagé dans le Maine-et-Loire, à Vernoil-Le-Fourrier. Lorsque j’ai commencé à produire des chevaux, j’avais quatre à six juments, avec entre trois et six poulains par an. » Si l’affixe commence à être connue (on se souvient d’Elite de la Mouline, 2e du Critérium de Pompadour avec Jonathan Cisternas), le père de Junior, Unique Dido, cheval de selle par Sandreo sur une souche allemande, ne l’est pas du tout. « Je choisis les étalons à l’instinct. J’effectue les croisements avec des étalons possédant de bonnes allures, de la galopade, de la vitesse. Junior, en réalité, est un cheval de dressage qui peut juste sauter et crosser. Unique Dido appartient à des passionnés de dressage, mais il n’est jamais sorti en compétition, et c’est dommage car il a de vraies qualités. Je l’ai utilisé en croisement avec mes Connemara et le résultat est top. » Côté maternel, la mère de Junior, Samba de Lattay est une fille du bon gagnant en dressage Joeris. « Je l’ai rachetée alors qu’elle souffrait d’une uvéite pas soignée. Elle a fini borgne très jeune, mais elle a des allures fantastiques et elle est super sur le cross. » Même s’il a montré une certaine précocité en s’octroyant cette 2ème place, Junior n’était pas forcément parti pour briller si tôt. « Il a été tardif » dit Danièle, « il a pris 15cm à 3 ans. Nous l’avons quand même présenté au régional où il s’est qualifié pour le national. Ce qui a beaucoup plu aux juges sont son modèle, ses allures et son aptitude au saut en liberté. » Acheté par Cyril Gavrilovic, Junior est bien tombé, dixit son éleveuse. « Il est particulièrement adroit. Junior est délicat, il lui fallait un bon pilote » avoue-t-elle. A tel point que le noir pangaré a terminé la saison en tête du Top 100 SHF. D’autres « de la Mouline » brillent déjà sur les terrains, notamment Gravure de la Mouline (Eldorado de Hus), sélectionnée pour le Mondial du Lion des 7 ans sous la selle d’Astier Nicolas, et issue d’une souche Holsteiner achetée au Haras de Hus. Un succès bienvenu qui motive Danièle Doumergue, également à la tête d’un centre équestre et organisatrice de nombreux concours complet très appréciés par les amateurs de la discipline. La très belle 3ème place de Gravure de la Mouline au Championnat du Monde des chevaux de 7 ans sous la selle d’Astier Nicolas complète à merveille ce riche palmarès 2023.
JUNIOR DE LA MOULINE & Cyril Gavrilovic - Crédit photos : PSV Photos
Joli Coeur Menjoulet, une utopie bien réelle
Ancien cavalier professionnel de saut d’obstacles, Eric Palas a choisi de reprendre l’élevage de sa maman Nicole Plan voici sept ans. Installé à Poucharramet, au sud-ouest de Toulouse, il exploite une soixantaine d’hectares où vivent une dizaine de poulinières. « Tout a commencé avec une jument pur-sang d’obstacle achetée par ma mère dont j’ai aujourd’hui la quatrième génération » raconte-t-il. « Nous avons eu la chance de faire naître plusieurs bons chevaux, notamment un monté par Pénélope Leprévost et Michel Robert, un autre sorti en CCI4*-L par Martin Hameon (Quiland Menjoulet), Bolero Menjoulet qui participa au Mondial du Lion à 7 ans avec François Pons, et Hopefull Menjoulet, une 6 ans sur la même souche pur-sang qui évolue déjà en grands prix Pro 2. Je suis fier de cette souche construite à la maison ». Outre cette souche très près du sang, Eric Palas a également investi sur une seconde lignée prolifique, celle de Patrick et Mapie Sisqueille. « J’ai acquis Mamy Blue, une jument par Mr Blue, avec des allures, du sang, du modèle, et même si sa carrière fut courte, c’est une bonne poulinière. Elle m’a donné Astuce Menjoulet (Jazz Band Courcelle, sf), elle-même mère de Fangio Menjoulet, finaliste à 6 ans avec Thomas Piéjos, et Jivago Menjoulet (Cornet’s Stern, westf), qui a évolué cette saison en Cycle Classique CSO avec Laurent Cosnuau. » Nous arrivons enfin à la troisième souche d’Eric Palas, très imprégnée cette fois de sang allemand. « Il s’agit de la grand-mère de Joli Coeur, Alina, une hanovrienne fille d’Archipel (un fils d’Argentan, han, ndlr). Je l’ai croisée avec Kara du Halage, un fils d’Allegreto, qui lui a apporté sang, respect, bonne volonté. Pourquoi Kara du Halage ? J’avais eu Utrillo du Halage au travail, c’était une vraie star. François Roemer l’a vu et m’a poussé à le mettre en vente lors des enchères du Mondial du Lion lorsqu’il avait 4 ans. Depuis, il a participé à deux Championnats d’Europe avec Jean-Lou Bigot. Cela m’a donné Utopia Menjoulet, dont j’ai eu plusieurs poulains avant de l’adresser trois années de suite au fils de Narcos II, Tangelo van de Zuuthoeve. L’un sort en saut d’obstacles, l’autre en concours complet, et le troisième est malheureusement décédé. » Castré à deux ans, Joli Coeur Menjoulet fut rapidement vendu à Juliane Dupuis qui l’a confié à Mae Cante, sa cavalière de championnat. La mère de Joli Coer, Utopia Menjoulet, poursuit quant à elle sa carrière de reproductrice, avec deux foals d’un étalon rare, Forcing de Kreisker (For Pleasure, han sur la mère de Freud de Kreisker).
JOLI COEUR MENJOULET & Maé Cante - Crédit photos : PSV Photos
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JUMPY FLORENTINES, élevé à l’élevage d’Argonne, a plu tout de suite à son cavalier Olivier Chapuis, juste en liberté. « Assez froid dans sa tête, pas mal de force et beaucoup d’équilibre » le nouveau Champion des 4 ans a pléthore de qualités !