28.08.2022

Fontainebleau 2022 : GRAAL DU TALUS Champion des CL3-6 ans

Le nouveau Champion de la catégorie rassemble deux grands élevages français : celui de Jacques Le Boëdec à l'affixe "du Talus" et celui, fameux, du regretté Alexis Pignolet. Sous la selle de la normande Caroline Doat, habituée du circuit Amateur, Graal du Talus s'est très nettement imposé - plus de deux secondes ! - devant Grenade des Bruyères (2e) et Coratina Z (3e).

Retrouvez l'interview de Guillaume Genest, propriétaire de GRAAL DU TALUS :

Découvrez les histoires qui se cachent derrière ce podium 2022.

 

Graal du Talus, la quête aboutie

Approuvé étalon par le stud-book Selle Français lorsqu'il n'avait que 2 ans, le gris avait depuis disparu des écrans radars hexagonaux, et pour cause, il avait été vendu aux Pays-Bas. Bien que bourré de talent, Graal s'est montré visiblement quelque peu retors, son état d'entier l'empêchant d'entrer convenablement dans le moule d'ordinaire utilisé par les hollandais à l'équitation plutôt germanique. "Il se monte ouvert et dans le galop" admet Caroline Doat, sa cavalière cette saison, pas tout à fait comme ses propriétaires envisageait de le monter. Il fut castré très rapidement après son exportation et entama le travail sur le circuit néerlandais et belge avant d'être proposé lors d'une vente aux enchères, l'European Sport Horse Auction, fin décembre 2021. C'est ainsi qu'il rejoignit la France puis le piquet de Caroline, professionnelle basée au Haras des Myosotis dans l'Eure. "Il est arrivé en avril et une semaine après, j'étais en concours" se souvient-elle.

GRAAL DU TALUS & Caroline Doat - Crédit Photos : PSV Photos

"Graal possède beaucoup de moyens, un super équilibre, du respect". Elle disposait alors d'un mois et demi pour le qualifier...un sacré challenge ! "C'est vraiment un chouette cheval qui adore le concours" dit-elle. 4ème du CIR, Caroline abordait la Grande Semaine sans pression. "Le premier jour, il a été super. Je n'avais pas lu le règlement, alors j'ai pensé que le chrono comptait le deuxième jour...mais pas du tout ! En discutant avec la propriétaire du haras, Morgane Martin, j'ai compris que le chrono ne comptait que pour le troisième parcours". Caroline et Graal ont alors pris toutes les options et mis plus de deux secondes à leurs poursuivants. "Plus j'avance, mieux il est" s'enthousiasme-t-elle. Pour sa première finale SHF, Caroline a frappé un grand coup, mais son talentueux partenaire risque fort de quitter son piquet avant la saison prochaine. "J'ai été assaillie de demandes en sortie de piste" avoue-t-elle. Une façon de montrer la qualité du travail effectué.

GRAAL DU TALUS & Caroline Doat - Crédit Photos : PSV Photos

Grenade des Bruyères, une histoire de famille

Jean-Aimé Denizet savoure pleinement le fruit de près de vingt ans de travail et de passion. Eleveur amateur, ce couvreur de métier savait qu'il avait en Grenade une bonne jument. De là à l'imaginer sur le podium... "Au départ je n'avais pas du tout la fibre cheval, je suis plutôt passionné de basket" avoue-t-il, "c'est ma femme qui me l'a transmise ainsi qu'à notre fille aînée et notre fils Jean-Sébastien". Ce dernier, devenu cavalier professionnel, a bénéficié de l'appui de ses parents pour se lancer dans l'aventure. "Nous avons voulu l'aider lorsqu'il nous a annoncé son choix en débutant l'élevage". Jean-Aimé a tout découvert sur le tard. "Je possédais le permis van passé pendant mon service militaire. Donc quand nous avons acheté un van, ma femme ne l'ayant pas, j'ai dû l'accompagner en concours." Taxi, georgette, il apprend au fil des week-ends le jargon et acquiert de l'expérience. L'élevage le passionne nettement plus que le sport lui-même. Il décide alors d'investir dans une jument, Jolie de Champloue (Rubis Rouge, sf), avec laquelle son fils s'illustra jusqu'en Amateur Elite et Pro2 avant d'être mise à la reproduction. Une décision logique à l'heure où les chevaux et le sport coûtent cher. "Nous avons soutenu notre aînée Barbara qui fut Championne de France Amateur Elite avant de devenir infirmière libérale, puis notre fils aujourd'hui professionnel. Compte tenu de ces lourds investissements, nous avons voulu rééquilibrer en offrant à notre dernière fille des parts dans les chevaux nés à l'élevage". L'élevage des Bruyères a toujours gardé une taille raisonnable, avec pas plus de trois poulinières. Aujourd'hui, tout a été transmis à Jean-Sébastien, même si la matrone Jolie de Champloue coule une retraite paisible chez Jean-Aimé.

GRENADE DES BRUYERES & Jean-Sébastien Denizet - Crédit Photos : PSV Photos

Curieux de tout, Jean-Aimé s'est intéressé en profondeur à l'élevage et aux sports équestres, aux méthodes employées et à la façon dont on construit la carrière d'un cheval. "J'ai un peu étudié l'ostéopathie et je suis défavorable au fait d'imposer des contraintes à un cheval avant 4 ans, ne serait-ce que pour une question de maturité osseuse. Personnellement, mes 4 ans courent tous déferrés et seulement quelques épreuves" explique-t-il. Il apprécie beaucoup le circuit Cycle Libre SHF. "Les épreuves ont l'avantage de proposer des cotes plus raisonnables, je préfère commencer là et si la qualité est au rendez-vous, je me laisse la possibilité d'engager en Cycle Classique." Débutée en Cycle Libre 2ème année 5 ans l'an passé (12e de la finale), Grenade possède toutes les qualités transmises par sa souche maternelle. "Ce sont des chevaux courageux, respectueux, endurants" témoigne son naisseur. "Elle a entamé la saison 2022 comme la précédente. Au début, elle est toujours très chaude en sortie d'hiver, elle a du 'gaz à lâcher', mais elle se montre très régulière". 13ème du CIR, la fille d'Andiamo Semilly a survolé la Grande Semaine, un avantage alors qu'elle était annoncée à vendre. "Notre fils s'est installé dans le sud de l'Aube, une vieille ferme que nous avons entièrement retapée afin d'élever et développer de jeunes chevaux" explique-t-il, "nous voulions profiter de Fontainebleau pour faire connaître notre élevage et sa structure". Bientôt retraité (le 1er janvier prochain), Jean-Aimé reconnaît que le dispositif SHF Market fonctionne bien. "C'est la première fois que nous l'utilisons car nous devons réduire l'effectif. Nous avons eu beaucoup d'appels, y compris pour le deuxième finaliste que nous avions engagé, Hidalgo des Bruyères bien qu'il ait moins bien terminé. Les vidéos sont intéressantes car elles montrent les vraies aptitudes des chevaux." Un constat qui vient conforter les efforts de la SHF en la matière.

GRENADE DES BRUYERES & Jean-Sébastien Denizet - Crédit Photos : PSV Photos

 

Coratina Z, le rêve enfin accompli

La troisième de ce Championnat Cycle Libre 1ère année illustre une fois de plus l'importance du circuit pour les amateurs. Une histoire singulière que nous conte Monsieur Auroy. "Ma femme Chrystelle a toujours été passionnée depuis son enfance mais n'ayant pas les moyens, elle n'a pas pu vivre sa passion. Alors quand elle a pu se le permettre grâce à son travail, elle a repris l'équitation" raconte-t-il. Ensemble, ils ont acheté un cheval pour lui permettre enfin de sortir en compétition. "J'étais extérieur au milieu" dit-il. "Nous avons acheté une jument à un éleveur voici douze ans, orientée club, une jument polyvalente qui a la particularité d'être pie...et j'ai fait la surprise à ma femme !". Bien que belle, Maory était quelque peu sauvage. Il fallut en passer par des séances d'éthologie avant de pouvoir la débourrer et la rendre montable. "De fil en aiguille nous avons atterri dans une écurie de saut d'obstacles. Nous avons sollicité l'aide des gérants pour la mettre à l'obstacle. Elle a tout de suite montré du potentiel et surtout un grand coeur". Etant ONC, Maory ne put disputer que des épreuves préparatoires.

CORATINA Z & Adélaïde Varlet - Crédit Photos : PSV Photos

Suite à des ennuis de santé, Chrystelle dut interrompre l'équitation, laissant à son mari le soin de s'adonner à sa passion, l'élevage. Il choisit Roccosifred, l'étalon pie, et obtient une jument...pie, vendue très rapidement. Pour la deuxième saillie, il opte pour Comme Il Faut, le crack du stud-book Westphalien. "J'avais un coup de coeur pour ce cheval, je me suis fait plaisir. Il a un petit gabarit avec beaucoup d'énergie, j'adore !". L'union donne naissance à Coratina Z, bai comme son papa et aussi douée que lui à l'obstacle. "C'est un mélange intéressant" dit-il. "Elle ne toise que 1,54m mais a du coeur, de l'énergie. Je tenais à ce qu'elle soit bien travaillée". Ils choisissent de la confier à Adélaïde Varlet. "C'est une amie, plutôt spécialisée en dressage. Elle a accepté de la sortir et a réalisé un énorme travail sur le plat." Les résultats ne se sont pas faits attendre : 8 sans faute sur 8 parcours en Cycle Libre 3ème année...jusqu'au CIR où elle termine avec deux fois 4 points et une 4e place. "Nous tenions à aller à la Grande Semaine car c'était la première fois pour nous, nous voulions découvrir et nous faire plaisir, sans pression." Après deux parcours sans pénalité, le couple se dit qu'il y a peut-être une carte à jouer. "Le troisième jour, nous avons décidé de jouer la gagne" avoue-t-il. Et cela a payé ! "Nous sommes très heureux, nous avons passé un week-end mémorable". Malgré les nombreuses propositions d'achat, les Auroy veulent garder la jument. "C'est notre histoire, nous avons tissé une relation forte avec elle". Adélaïde ayant décidé de se reconvertir, les nordistes vont donc changer de pilote pour la saison prochaine. "Elle a joué un rôle très important dans ce résultat et nous lui en sommes vraiment reconnaissants" tient-il à ajouter. 

CORATINA Z & Adélaïde Varlet - Crédit Photos : PSV Photos

 

Retrouvez les résultats detaillés du Championnat Cycle Libre 3ème année ci-dessous :

Championnat CL3