Pompadour CCE 2023 : Victoire d'IAM DU LOIR dans le Championnat des 5 ans
Ce Championnat SHF des 5 ans nous a fait voyager à travers toute la France ! Le nouveau Champion, IAM DU LOIR, nous emmène d’abord au coeur de la Sarthe, là où Pierre Gouyé et Axel Coutte bâtissent patiemment ce qui est en passe de devenir une fabrique de champions, avec la complicité d’une jeune cavalière britannique. Puis direction le sud-est avec la famille Drevet, où son affixe rayonne sur trois disciplines. Notre périple se termine enfin dans la Manche – on y retourne toujours ! - grâce à l’un des poulains « d’Austral » né pour sauter...mais pas seulement !
Iam du Loir, fruit du duo Gouyé / Coutte
Installé dans la Sarthe, à Lavernat au sud du Mans, Pierre Gouyé gère aujourd’hui entre 70 et 80 chevaux gérés en stabulations – un concept tiré de l’élevage bovin -, et donne naissance à une moyenne de 15 poulains par an désormais spécifiquement orientés concours complet, le tout sur une centaine d’hectares produisant de l’enrubanné. Sa particularité : il est associé au cavalier Axel Coutte. « Nous sommes plus forts à deux » insiste-t-il. « Avant j’élevais pour le saut d’obstacles, mais depuis notre rencontre, j’ai totalement basculé vers le CCE. Et je ne regrette rien ! C’est un petit milieu très intéressant, où on peut se faire une place au soleil très vite. » Et cette place, Pierre Gouyé l’a obtenue notamment grâce à Banzaï du Loir. Le fils de Nouma d’Auzay a été sacré Champion du Monde individuel l’an dernier à Pratoni del Vivaro (ITA) sous la selle de la jeune prodige Britannique Yasmin Ingham. « Cette médaille de Banzaï a tout déclenché, la planète complet s’est tournée vers moi » s’étonne-t-il encore. Dans la foulée de ce résultat, Pierre Gouyé a vendu un poulain à Tim Price, un autre à Oliver Townend.
IAM DU LOIR & Thomas Carlile - Crédit photos : PSV Photos
« La mère d’Iam, Rumba du Loir, est née à l’époque où j’élevais pour le saut d’obstacles. Elle a participé à la finale Cycle Classique CSO à 4 et 5 ans, puis elle m’a fait quelques poulains avant que je la vende. Nous avons vendu Iam à Thomas Carlile trois jours avant Pompadour...tout ça est le fruit du travail d’Axel » admet le Sarthois qui gère les débourrages. Hasard du calendrier, Yasmin Ingham essayait des chevaux « du Loir » le jour de cette interview. « La Sarthe est devenue la nouvelle terre du complet » dit-il, « grâce à notre association, je sors la tête de l’eau. » Entre les mains expertes du Maître ès jeunes chevaux, IAM DU LOIR a confirmé toutes les qualités pressenties par le Toulousain, à savoir agilité, souplesse, mental, indispensables à tout bon cheval de concours complet. « Au départ, j’exploitais une jumenterie classique et petit à petit, j’ai investi dans du sang Anglo-arabe et pur-sang car nous avons besoin d’endurance, de mental, qui font la différence chez les chevaux français. Quand je vois mes produits évoluer avec Axel, cela m’aide à affiner mes choix de croisement. Nous sommes très complémentaires ». C’est ainsi que chaque année, Pierre Gouyé sélectionne 4-5 étalons différents qu’il utilise sur toutes ses juments. « Comme ça, je compare le résultat selon les poulinières, et deux ans plus tard, selon ce que j’observe, j’y reviens ou non. » Avec un tel système et une telle clientèle, tout en gérant à côté une entreprise de paysagisme composée de vingt salariés, Pierre Gouyé devrait encore voir ses « Loirs » briller.
IAM DU LOIR & Thomas Carlile - Crédit photos : PSV Photos
Iliade de Kerser, l’odyssée des Drevet
Sous l’affixe « Kerser », la famille Drevet gère en réalité un triple élevage. Depuis 1989, depuis leur base professionnelle de Draguignan, ils pilotent un cheptel installé majoritairement à Bazas, en Gironde, composé de quinze poulinières pur-sang (d’obstacle), de 7-8 ponettes de sport et de 4-5 juments orientées sport. « Nos chevaux de course sont élevés par M. Belloir à Pontorson, et entraînés par Patrice Quinton à l’Ecurie des Dunes, située à Dragey-Ronthon dans la Baie du Mont St Michel » explique Serge Drevet. « Moi, je viens du monde du saut d’obstacles. Un jour j’ai acheté une jument à Fernand Leredde nommée Ariane du Prieuré II, une fille de Papillon Rouge. Je l’ai emmenée jusqu’à la finale des 6 ans où on termine avec deux parcours à 4 points. Je n’avais jamais sauté ça de ma vie ! » se souvient-il. La fameuse Ariane n’est autre que la mère de...Toledo de Kerser, double médaillé aux JO de Tokyo (or par équipe et argent individuel) avec Tom McEwen (GBR). Quant à Iliade, 2ème de ce championnat des 5 ans, celle-ci descend de Violette du Hameau (Dear Patrick, ps) née chez Adrien Dorange dans la Manche. « Elle tournait avec une amie en épreuves amateurs. C’était une jument réactive, une vraie boule de nerfs comme Ariane, qui n’a jamais été dressée mais qui était extraordinaire, et anticipait toutes ses décisions. Elle gagnait tout ou presque, un vrai bonheur ! ». Violette fut ensuite mise à la reproduction par sa propriétaire, Dominique Dellestable. Son 4ème produit, Riane du Verez (Hoggar Mail, sf) évolua avec sa naisseuse puis fut confiée à la famille Drevet pour sa carrière à l’élevage. Elle donna d’abord Garence de Verez (Lazzio de Kerser, sf), débutée par Emeline Monget puis Ornella Ronchi avant de finir sous la selle de William Ligier de la Prade. « Garence est une grande jument avec beaucoup de coffre, que nous avons gardée comme poulinière en transfert d’embryon » dit-il. Puis deux ans plus tard, naquit Iliade de Kerser. « Nous ne voulions pas la vendre » avoue Serge Drevet, « Thomas Carlile est venu quatre ou cinq fois la voir...et nous avons fini par céder. » La fille d’Untouchable M (Quick Star, sf) quitta ainsi la famille Drevet à 2 ans. « J’ai couru un seul concours complet dans ma vie avec Ariane car je risquais à chaque fois de sauter la lice de dressage » admet Serge Drevet l’air amusé. Pourtant, nous avons déjà croisé l’affixe sur les cross grâce notamment à Gloriana de Kerser (Kannan, kwpn), finaliste à 6 ans en CCE avec Lucas Brun (15ème), toujours propriété de la famille. Avocats de père en fille (cette dernière, Isabelle, suit de très près l’élevage de ses parents), les Drevet vivent leur passion à 200 %. « Le week-end, j’assure des transports entre le sud-est, Bazas, Lyon, la Normandie et Cercy-la-Tour. Nous sommes d’ailleurs actionnaires de la coopérative de Cercy et avons des parts dans plusieurs étalons de course comme Karaktar » explique-t-il. En attendant, Iliade a débuté son odyssée vers le haut niveau en bonne compagnie.
ILIADE DE KERSER & Thomas Carlile - Crédit photos : PSV Photos
Inca d’Austral, le sauteur né
Depuis 2007, Matt Rothman et Heather Killen investissent avec passion au sein de leur Haras d’Austral. Situé à Rémilly-sur-Lozon, aux portes de la capitale Manchoise du cheval Saint-Lô, ils élèvent sur 60ha quelques unes des meilleures souches françaises, sous l’œil avisé du directeur d’élevage, Thomas Rolland. C’est d’ailleurs de l’une d’elles que descend Inca d’Austral. Ce fils du regretté Cicave du Talus porte en lui le sang de l’une des matrones du stud-book Selle Français, Vestale du Bois Margot (Landau, ds), la mère de Nadine (d’où Jalna du Mesnil A, ISO 151 et mère de Carat II, Championnat d’Europe Junior avec Caroline Nicolas, Voronoff ISO 150, Quel Espoir II ICC 146), Parisienne (d’où la grande Liamone ISO 174, Pilasgor ISO 166 et Orsino ISO 141), Amourette (d’où Herminette III ISO 176), ou encore Fidji I (ISO 153). Si Vestale est passée à la postérité, c’est aussi et surtout pour avoir donné naissance à Quenotte (Lurioso, ds), mère du chef de race Cor de la Bryère. Rachetée par le couple début 2008, la grand-mère d’Inca, Idem II (Voltigeur du Bois, sf) a d’abord donné Vision d’Austral (Quite Easy, holst), la mère d’Inca, demie-sœur d’Upsilon de Granderie, ISO 151, renommé Upsilon d’Austral et valorisé jusqu’en CSI3* par Alexis Borrin avant d’être acheté par la néo-zélandaise Amy Collinson. Vision fut d’abord adressée au crack de la famille Smadja, Quartz Rouge, avant de produire Inca. « Ses propriétaires Monsieur et Madame Lefebvre l’ont acheté en août de son année de trois ans après avoir eu un coup de cœur » raconte Nicolas Pertusa, son cavalier. « Il a participé au circuit Cycle Classique 4 ans l’an dernier et a terminé vice-champion à Pompadour. C’est un cheval plus massif que d’autres qui tournent en complet, mais il possède la locomotion et le mental, sans oublier un vrai galop pour aller sur le cross. Il saute très bien ce qui laisse la possibilité de le passer sur le circuit CSO l’an prochain. Nous aviserons le moment venu, à cet âge, ils restent des bébés. » Ces mêmes propriétaires n’en sont pas à leur coup d’essai dans la discipline. En effet, ils possédèrent également Vinsou de Moselly (Quat’Sous, sf), débuté par Véronique Lefebvre avant d’être valorisé par Nicolas Pertusa jusqu’en CCI4* (ils furent notamment 4e du CCI4*-L du Pouget). Installé près de Lille, à proximité de la Belgique, le quadragénaire fait de la Grande Semaine de Pompadour son objectif de l’année. « J’ai beaucoup de jeunes chevaux dans mes écuries et chaque saison, j’en qualifie pour la finale » dit-il. « Cette année, j’ai présenté deux 4 ans, l’un termine 4e l’autre 6e, et un 5 ans, Inca. Former des chevaux en concours complet constitue ma spécificité, alors que je suis dans une région très orientée CSO. Beaucoup de cavaliers des environs viennent d’ailleurs profiter de mon spring garden avec leurs chevaux. » Malgré toutes les qualités d’Inca, celui-ci n’est pour le moment pas à vendre. « Ses propriétaires prennent beaucoup de plaisir à le suivre en concours » ajoute-t-il. Rendez-vous en 2024 pour savoir quelle discipline le couple aura choisi.
INCA D'AUSTRAL & Nicolas Pertusa - Crédit photos : PSV Photos
Retrouvez ci-dessous les résultats de la Grande Semaine de Pompadour :
Pour un jeune couple, celui-ci en est vraiment un ! Premier concours ensemble pour Thomas Carlile et IAM DU LOIR et première victoire ! Acheté quelques jours avant la finale, IAM DU LOIR avait tapé dans l’œil de Thomas depuis un petit moment déjà mais le cavalier le sait : « Le succès d’aujourd’hui, je n’y suis pas pour grand-chose : Pierre et Axel ont fait un travail exceptionnel avec le cheval ».
Dans tous les cas, c’est prometteur pour la suite !