03.10.2020

Des belles histoires d’hommes de chevaux à l’origine du podium des 6 ans Mâles et Hongres SF & AA et la victoire d'Elios de la Lie

Cette année, la Finale des 6 ans Mâles et Hongres Selle Français et Anglo-Arabes a été pleine de rebondissements. Alors que, jusqu’à l’ultime manche le public pensait l’incroyable Eiffel de Hus*GFE et Valentin Besnard victorieux, après leurs multiples podiums cette année, la médaille s’est envolée pour une mésentente sur le numéro un. Ainsi en est le jeu des championnats et ELIOS DE LA LIE a, lui, tiré son épingle du jeu en s’octroyant le titre suprême devançant EXEKO CAMARA et ENARQUE DAM. Les deux leaders sont les seuls à n’avoir effleuré aucune barre du Championnat. 

ELIOS DE LA LIE s’est donc imposé sur la première marche du podium du Championnat de France des 6 ans Mâles et Hongres Selle Français et Anglo-Arabes après une saison très régulière sous la selle d’ANTOINE ERMANN. Le gigantesque gris, fils d’Air Jordan et de la Selle Français Sanga du Findez, elle-même issue de Mister Blue, a répété ses gammes tel un métronome. De quoi satisfaire son naisseur et propriétaire Jean-Yves Ermann, également père du jeune cavalier. « À Fontainebleau, Elios s’est très bien comporté. Au fur et à mesure des parcours il devenait de plus en plus guerrier. Alors que certains sont parfois émoussés, lui c’était l’inverse ! »

ELIOS DE LA LIE & ANTOINE ERMANN - Crédits photos : PSV Photos

Le couple formé par le Selle Français et son talentueux pilote est récent, mais l’entente a été très rapide. « Jusqu’à la fin d’année de cinq ans d’Elios, mon fils, Antoine, était à l’école et j’avais quelques cavaliers à la maison qui faisaient en sorte que les jeunes chevaux aillent aussi à l’école ! À quatre ans, Elios était très bien, mais vite empli de gaz. Il a de la taille, mais surtout beaucoup de sang. Il est resté longtemps quelque peu délicat à cause de sa sensibilité. Il se durcissait beaucoup et regardait un peu partout. Ensuite, compte tenu de la sensibilité d’Elios à cette époque, j’ai pensé que cela ne servait à rien de lui faire courir les cinq ans. Finalement, Antoine a passé son bac et l’a récupéré l’hiver dernier. Elios a alors passé un cap. Nous avons commencé tôt la saison en l’emmenant au CSI de Chazey fin janvier. Tout est allé assez vite pour former le couple et Elios a beaucoup évolué. Antoine a sorti pas mal de Jeunes Chevaux après le Covid. Si nous avions décidé de remettre les 4 ans au pré, en revanche, Elios et deux cinq ans étaient qualifiés pour la Finale. Antoine n’ayant jamais participé à la Grande Semaine et souhaitant s’y élancer, nous nous sommes dit que c’était l’occasion ! », s’amuse le naisseur du champion. 

ELIOS DE LA LIE & ANTOINE ERMANN - Crédits photos : PSV Photos

Elios de la Lie était le premier poulain de Sanga du Findez ainsi, Jean-Yves Ermann a fait ce qui lui semblait être le bon croisement. S’il n’a pas obtenu tout à fait ce qu’il cherchait, son croisement semble néanmoins réussi. « Sanga du Findez était plutôt réduite et dotée de beaucoup de sang. J’aimais bien Air Jordan qui avait du modèle et m’a donc fait penser que cela fonctionnerait bien. Finalement, la mère est petite, mais elle produit grand et costaux ! Donc avec Air Jordan cela a produit très grand puisqu’Elios mesure 1,83m. Désormais j’ai davantage de recul sur sa production ! J’ai quatre autres produits de la mère. Il y a Funny de Lie, une demi-sœur par Jarnac, qui était à Fontainebleau et a terminé Excellente cette année dans les 5 ans Juments Selle Français et Anglo Arabes ; Ghost de Lie, demi-frère par Jarnac, qui a fait ses débuts tranquillement. Ils sont tous les deux très cools, presque trop même ! J’ai également une trois ans par Canturo, au débourrage en ce moment, qui me fait penser à Elios même si un peu moins tendue dans le dos pour l’instant. Enfin, j’ai une pouliche de deux ans, par Untouchable 27. Pour elle, à l’occasion d’un changement de pré, j’ai mis une petite barre et, autant les demi-frères et sœurs ne font pas le show, autant elle c’est quelque chose ! Elle monte un mètre au dessus et met le dos par dessus tête ! Je ne sais pas ce que cela va donner, mais j’ai hâte d’être à l’année prochaine pour voir », s’impatiente l’éleveur. 

Désormais, le nouveau champion de France des 6 ans bénéficiera d’un repos bien mérité, à moins que le téléphone continue de sonner. « Elios prendra un peu de repos désormais avant de reprendre la saison prochaine, sauf si les sirènes se remettent à hurler ! Nous avons eu plusieurs demandes déjà... Pour l’instant nous ne sommes pas vraiment vendeurs car Antoine a besoin d’un cheval comme ça… En revanche, si on nous offre un prix conséquent alors nous le laisserons sûrement partir », conclut dubitatif Jean-Yves Ermann. 

ELIOS DE LA LIE & ANTOINE ERMANN - Crédits photos : PSV Photos

Visionnez le parcours de la 2ème manche de la finale ci-dessous :

 

Retrouvez l'interview de son cavalier Antoine Ermann à l'issue de sa victoire ci-dessous :

 

 

Exeko Camara, la force tranquille

La médaille d’argent est tombée dans l’escarcelle de l’énergique EXEKO CAMARA, fils du puissant Selle Français Ucello Massuère et d’une mère par Voltaire. Sous la selle de JEREMY LE ROY, le Selle Français a fait une démonstration d’aisance déroulant ses parcours les uns après les autres en survolant les difficultés. 

En plus d’être performant, le tonitruant bai est le fruit d’une belle histoire, celle que les aficionados de ce milieu apprécient tout particulièrement. Une belle histoire dont Jennifer Bouyou, naisseuse et propriétaire, a pu profiter. « Bruno Chassaing, de l’élevage de la Massuère, m’a offert la poulinière, Firenze, et la saillie de son étalon Ucello Massuère ! Plus jeune, j’avais été stagiaire chez lui, il est depuis devenu un ami. À l’époque, je montais certains de ses quatre ans et, comme il savait que je souhaitais me lancer à terme dans l’élevage, il a voulu me mettre le pied à l’étrier en me donnant la jument et la saillie ! C’est une superbe histoire », s’extasie encore la naisseuse. 

EXEKO CAMARA & JEREMY LE ROY - Crédits photos : PSV Photos

Très vite, le jeune Exeko montre des qualités dans son comportement mais surtout dans ses sauts. « Poulain, Exeko était super gentil, très cool, un poulain adorable, très câlin qui aimait le contact avec l’Homme. Physiquement, en revanche, il n’était pas très beau ! Il a fallu attendre ses trois ans pour qu’il commence à ressembler à quelque chose. Sur les barres Exeko a tout de suite sauté de manière incroyable. Il avait d’ailleurs été sélectionné à trois ans pour les ventes Fences Elite, mais nous avons fini par le racheter ! Il sautait déjà très fort tout en étant très froid dans la tête. Encore aujourd’hui, il est présent lorsqu’il le faut et ensuite baisse immédiatement en pression : il saute son parcours de manière incroyable et, à la sortie de piste, il est au pas, très calme », se remémore la propriétaire du crack.  

Si les débuts montés sont chaotiques, le joueur Selle Français finit par rentrer dans les rangs, aidé par l’attention de son cavalier Jérémy le Roy. « Exeko a été odieux au débourrage, mais s’est ensuite calé. À quatre ans il ne regardait rien en concours, mais était encore très tardif. N’ayant pas fixé d’échéance particulière pour lui, nous lui avons juste fait faire quelques parcours en Formation 1 pour qu’il voit ce à quoi il serait destiné puis il est retourné au pré. Marie Courrèges, qui est une de mes amies, m’a dit que, si je voulais qu’Exeko soit bien valorisé, dans le respect de son intégrité et avec les soins et l’attention nécessaires, alors je devais l’envoyer chez Jérémy Le Roy. C’est donc ce que j’ai fait. Jérémy et sa femme, Nathalie, s’en sont extrêmement bien occupé. À cinq ans, ils n’ont fait quasiment que des sans-faute, mais nous ne l’avons pas emmené à Fontainebleau car il n’était pas encore assez prêt. L’objectif était surtout la Finale des six ans. Jérémy a donc décidé de son programme. Cette année il a réalisé une bonne saison en étant plus discipliné qu’il ne l’était à cinq ans. Il a fait deux mauvais parcours au CIR de Compiègne, sur l’herbe. Jérémy pense que le terrain n’avait pas beaucoup de répondant et que, pour un cheval comme Exeko qui frappe énormément, il a été difficile pour lui de trouver ses marques », confie la passionnée. 

EXEKO CAMARA & JEREMY LE ROY - Crédits photos : PSV Photos

 

Enarque Dam, un long parcours jusqu’à la réussite

Dernier à monter sur le podium, ENARQUE DAM revient de loin. Sa réussite, il la doit à la patience et la dévotion de sa cavalière et propriétaire, ALEXA HINARD DUFOUR. Subjuguée par le puissant fils de Labrador de Brekka et petit-fils de Richebourg, l’amazone normande a dû composer pour en arriver là. « Enarque a été élevé dans la Manche et sélectionné pour les Ventes Nash, dont s’occupe mon père, Alain Hinard. Je l’avais vu une première fois lors des répétitions Nash qui ont lieu chez nous, à Auvers. Sébastien Tencé, mon compagnon à l’époque, me l’avait fait remarquer, mais il avait l’air vraiment très sensible et assez particulier. Il montrait des aptitudes incroyables à l’obstacles en ayant quand même une extrême sensibilité. Je savais qu’il avait peur du cavalier par exemple et que cela allait prendre du temps pour le construire. Comme le cheval sautait très fort je l’avais en tête, mais n’avais jamais imaginé pouvoir l’acheter. Cependant, durant la vente, assez impressionné, il a sauté de manière très normale et j’étais donc la seule intéressée ! Je l’ai acheté 10 000 ou 10 500 € seulement. »

ENARQUE DAM & ALEXA HINARD DUFOUR - Crédits photos : PSV Photos

Petit à petit, le couple a trouvé ses codes. « Nous avons commencé la compétition à quatre ans où il n’a fait que des sans-faute. Comme il était encore très vert, je l’ai remis au pré puis ai recommencé le travail en vue des cinq ans. Il a fait une bonne saison tout en étant assez compliqué dans la bouche. Il est, de toute manière, fait un peu en descendant en étant très puissant dans le dos donc il n’est pas toujours facile à organiser. Malgré cela il a fait beaucoup de sans-faute l’an passé et était qualifié pour Fontainebleau où j’ai fait quatre points le premier jour et 8 points le second. C’était pourtant le début de l’époque où je commençais vraiment à composer avec lui. Avant, je subissais un peu, même s’il était toujours sans-faute. Sa grande qualité est son envie de bien faire et, malgré ses défauts, cela l’emporte sur le reste. Il est, qui plus est, très courageux et très respectueux. Cette année il a fait une superbe saison », se réjouie la propriétaire du Selle Français. 

ENARQUE DAM & ALEXA HINARD DUFOUR - Crédits photos : PSV Photos

Pénalisé d’un point de temps dépassé lors du premier parcours à Fontainebleau durant la Grande Semaine, le couple a remonté le classement grâce à une véritable régularité. « Le premier parcours à Fontainebleau n’était pas évident pour nous car composé de beaucoup de lignes brisées et, comme je n’ai pas toujours tout le contrôle, j’ai été obligée de subir un peu et de prendre davantage mon temps. J’ai alors fait un point de temps dépassé. Le deuxième jour, le tracé me convenait beaucoup plus avec un parcours plus fluide et des contrats de foulées plutôt en allant. Avec son grand galop cela lui a permis de bien s’exprimer. Il n’a pas été émoussé par ces deux tours et, lors des deux manches de la Finale, il a été vraiment génial ! J’ai senti néanmoins un peu de fatigue lors de la seconde manche, mais je l’ai vraiment motivé et, même s’il a tutoyé quelques barres, il était très concentré et toujours très respectueux. Seizième avant la finale à cause de mon point de temps dépassé, j’ai réussi, grâce à ce double parcours parfait, à me hisser jusqu’à la troisième place ! », explique enjouée la cavalière. 

Comme souvent avec les très bons jeunes chevaux, le dilemme de commercialisation se pose. « Sportivement et sentimentalement j’aimerais le garder, mais économiquement c’est autre chose ! Il a été demandé, j’ai donné un prix assez important pour que, quelle que soit la situation, cela soit gagnant pour moi. Il est vendu tant mieux et s’il ne l’est pas alors je le garde et ce sera très bien ! », conclut la Normande. 

ENARQUE DAM & ALEXA HINARD DUFOUR - Crédits photos : PSV Photos

 

Ces trois médaillés ont donc naturellement reçu la mention Élite comme deux autres concurrents, EIFFEL DE BACON, par l’Arc de Triomphe et d’une mère fille d’Allegreto, et ECLAT DU CERISIER, fils de Kannan et petit-fils de Loyalty du Cerisier.

EIFFEL DE BACON & LAURA RAYJASSE - Crédits photos : PSV Photos

Respectivement quatrième et cinquième sous la selle de Laura Rayjasse et Stéphane Dufour, une petite faute lors de la seconde qualificative a écarté ces deux Selle Français du podium. 

ECLAT DU CERISIER & STEPHANE DUFOUR - Crédits photos : PSV Photos

 

Retrouvez le classement détaillé du Championnat ci-dessous :

Championnat des 6 ans Entiers et Hongres SF-AA