Fontainebleau 2024 : Carton plein des Normands dans le Championnat des 4 ans Entiers/Hongres
Certes, la Normandie marque toujours de son empreinte ces finales SHF. Mais il reste tout de même rare qu’un podium soit totalement dominé par des représentants de la première région française d’élevage. 2024 fut donc une année faste, et notamment pour les Manchois et les Calvadosiens qui mettent en lumière des souches maternelles de référence grâce à KARAGANDA SEMILLY, KILL BILL DES PARTS et KASALL DU BIDOU.
Karaganda Semilly, la Banda Levallois
Une fois n’est pas coutume, nous n’avons pas ici affaire à une lignée traditionnelle de la famille Levallois. Si la mère de KARAGANDA, Banda Semilly, est une fille de l’incontournable Diamant de Semilly, elle descend d’une lignée hanovrienne dont on a rarement entendu parler dans l’Hexagone...mais que les plus anciens passionnés reconnaîtront sans doute. La grand-mère du nouveau Champion des 4 ans n’est autre que Loro Piana Wanda, très bonne gagnante internationale sous la selle du brésilien Rodrigo Pessoa. Fille de Watzmann (Weingau, han), elle devint mère pour la première fois en 2001 par transfert d’embryon au profit de la famille Pessoa, à l’affixe « de Ligny ». Elle donna 19 produits dont 14 performeurs. Parmi eux, l’étalon Away Semilly (Diamant de Semilly, sf) et l’international Quisas Diamant (Diamant de Semilly, sf) sous la selle de Stephan de Freitas Barcha (BRA). « J’aimais bien Mylord Carthago dès ses débuts » explique Richard Levallois, « avec Banda Semilly, j’avais la jument qui lui correspondait bien. C’est une Diamant avec du sang, qui sautait très bien, propre sœur d’Away Semilly qu’on a vendu aux Etats-Unis. Banda était même supérieure à celui-ci mais une blessure au postérieur et la perte de sa mère nous a poussé à la mettre à la reproduction. » Soucieux de maintenir cette souche au sein de leur effectif, les époux Levallois ont donc misé sur Banda pour prendre la relève. « Mylord calme un peu le sang de cette souche, c’est un bon compromis. Nous avons d’ailleurs reproduit le croisement et cette année nous avons débourré le propre frère de Karaganda, bai et très grand, avec énormément de potentiel. »
KARAGANDA SEMILLY & Clément Fortin - Crédit photo : PSV Photo
Le tout premier produit de Banda, Jacaranda Semilly (Kannan, kwpn) participait elle aussi à la Grande Semaine dans les 5 ans (sans faute et 4 points). « Karaganda est approuvé Selle Français et a effectué sa deuxième année de monte cette année » ajoute Richard. « En 2023, il a fait la monte au Haras de Castille chez Benjamin Croisier » complète Anne-Sophie. « Il possède un bon mental, ce qui lui permet de faire la différence entre ses deux métiers de compétiteur et de reproducteur. Il est très équilibré, bon élève avec son cavalier. Pour un Mylord, il est très précoce, un côté pris chez Diamant. Clément Fortin, son cavalier, l’a toujours adoré. Consciencieux au travail, il donne toujours tout en piste. » Sollicité au haras, Karaganda semble intéresser les éleveurs. « Il convient aux grandes juments, amène de la qualité et du sang, et son mental » précise-t-il. Monopolisés par la saison de monte, Anne-Sophie et Richard ont découvert le nouveau règlement une fois arrivés à Fontainebleau. « On ne s’attendait pas à être champions » avoue-t-elle, « comme il partait en premier et que nous pensions que c’était dans le sens inverse du classement, on ne pensait pas qu’il terminerait premier. Il a été en tête tout le long. Dans le Critérium, par contre, il n’avait aucune chance puisqu’il n’a pas disputé la saison complète. » En effet, il a bénéficié d’une remise de qualificatives en tant que jeune étalon, ndlr. Cela ne l’a pas empêché d’éclabousser cette finale de tout son talent.
KARAGANDA SEMILLY & Clément Fortin - Crédit photo : PSV Photo
Kill Bill des Parts, sabre au clair
Après la Manche, prenons la direction du Calvados pour découvrir le nouveau vice-champion des 4 ans. Né chez Thomas de Cornière sur la petite commune de St Pierre Azif, l’alezan est le second étalon de l’élevage issu du crack international Armitages Boy (Armitage, old), longtemps mis en lumière par Aymeric de Ponnat puis Timothée Anciaume. Alors que Figaro des Parts est un fils de Pampa du Plessis (Kannan, kwpn), KILL BILL est l’un de ses arrière-petits-fils. Sa mère Holly Girl (Padock du Plessis, sf), finaliste à 6 ans (ISO 133), n’a eu qu’un produit, tout comme sa grand-mère Exciting Girl (Canturo, holst). Il s’agit tout simplement de la souche de la célèbre Bourrée (Nickel, aa), à l’origine de presque tous les produits nés chez Annick et André Chenu sous l’affixe « du Plessis ». Outre avoir donné le fabuleux P’tit Pol (Corrent, sf), partenaire international d’Annick, Bourrée a engendré plusieurs générations de gagnants, essentiellement à l’élevage du Plessis mais pas seulement. Le Haras des Coudrettes, les élevages des Flagues, de la Nutria, de Pleville, Saint Clair et même d’Elle ont un jour eu la chance de disposer de cette génétique de premier plan.
KILL BILL DES PARTS & Julie Coursin - Crédit photo : PSV Photo
« Nous sommes ravis de la saison de Kill Bill » avoue Thomas de Cornière. « J’aime beaucoup ce cheval. Certes c’est un petit cheval, mais il a un énorme galop, il est souple, rspectueux, hyper gentil. Il réalise une saison parfaite. J’ai espéré jusqu’au bout, sa cavalière l’a monté à la perfection. » Approuvé lors du testage des étalons Selle Français fin 2023, Kill Bill a changé en quelques mois. « Il va continuer d’évoluer. Sa mère a grandi très tard. Il va grandir, forcir, toute cette génétique pousse très tard, jusqu’à 7 ans. Il montre déjà des moyens et une action incroyables. En tant que reproducteur, nous ne savons pas encore. La génétique est formidable, j’y crois beaucoup, et je lui ai même adressé trois bonnes juments cette année. Il est surtout hyper attachant au quotidien. » Issu de la même souche que Figaro des Parts, Kill Bill ne lui ressemble pourtant pas. « Physiquement, Figaro a pris le gabarit de la génétique maternelle, alors que Kill Bill a hérité de la souplesse et du génie de son père. Dans le tempérament, ils se ressemblent quand même, fins, sensibles et gentils. Il ne faut pas faire n’importe quoi avec, évidemment. J’ai utilisé deux fois Armitage Boy et j’ai eu deux chevaux qualiteux. » Très en vue lors de la finale, le bondissant alezan a attisé les convoitises. « Je ne sais pas s’il va rester longtemps chez moi » admet-il, « j’ai déjà beaucoup de personnes intéressées, et il est possible que je le vende. Il fera un très bon cheval de sport, et surtout facile à utiliser ».
KILL BILL DES PARTS & Julie Coursin - Crédit photo : PSV Photo
Kasall du Bidou, l’héritage des Ruel
Retournons vers le littoral manchois, à environ 1h10 de route, près de la frontière entre Calvados et Manche, à Formigny la Bataille exactement, chez Charles-Hubert Blin, le naisseur de KASALL DU BIDOU…fils de l’incontournable Casall, évidemment. Bien que très apprécié au modèle, il perd son avantage à la manière, ce qui n’enlève en rien à sa qualité sportive. Là aussi, les amateurs de génétique Selle Français vont se réjouir. Kasall est l’arrière-petit-fils de l’internationale Vergonne II (Paladin des Ifs, sf), finaliste à 4/5/6 ans, ISO 175. Premier produit de sa mère Dalberta de Blondel (Cardero, holst), Kasall compte parmi ses collatéraux un certain Diego de Blondel (Vigo Cécé, sf), étalon et bon gagnant (ISO 147), frère utérin de Dalberta, né la même année par transfert d’embryon. On ne cite plus les innombrables gagnants de cette lignée prolifique, mise en lumière par Eliane et Michel Ruel, fondateurs de l’élevage de Blondel, une affixe toujours présente à la Grande Semaine. A raison de 35 à 37 poulains par an, l’élevage du Bidou est devenu en l’espace de quinze ans un nom qui compte sur le marché français. « Je suis co-naisseur de Kasall avec l’Ecurie du Herrin » explique Charles Hubert Blin. « sa mère est une grande jument, et Casall lui correspondait. Nous l’avons élevé jusqu’à trois ans puis il a été sélectionné et vendu aux ventes Fences, acheté par Monsieur Leclerc. La souche de Phedra Ratelière appartient aux meilleures françaises. Quand on n’hérite pas d’une lignée de qualité, il faut toujours aller chercher ce qu’il se fait de mieux. Casall était un choix à la fois commercial et technique, en rapport avec les qualités de la jument. »
KASALL DU BIDOU & Arthur Le Vot - Crédit photo : PSV Photo
Face à l’augmentation importante du cheptel, le Normand doit faire des choix parmi ses poulains. « C’est compliqué d’élever jusqu’à trois ans et même plus quand on en a une trentaine. Nous essayons de vendre dix à douze foals par an, et nous amenons les autres jusqu’à trois ans. Je garde une à deux bonnes juments auxquelles je crois ou parce que je n’ai plus la souche, et je les fais exploiter par Sébastien Tencé jusqu’à six ans. Je réalise chaque année des transferts d’embryons de 3 à 6 ans. Ensuite je les vends car après, c’est un autre métier. » Devenu régulier des ventes Fences avec deux à trois produits présentés en septembre, l’affixe du Bidou se glisse également dans le catalogue des ventes de foals. « Avec le système SHF, nous sommes vite au courant des performances de nos produits sur le circuit. Cela nous aide à faire progresser l’élevage et mieux choisir les croisements » ajoute-t-il. Charles Hubert Blin comptait cette année quatre produits au départ des différentes finales : Jalousie du Bidou (85ème du Top 100 SHF), Ianique du Bidou (11ème du Top 100 SHF), et Iroise du Bidou (Championnat des 7 ans).
KASALL DU BIDOU & Arthur Le Vot - Crédit photo : PSV Photo
Découvrez l'interview de Richard Levallois, fier de son Champion KARAGANDA SEMILLY :
Le palmarès de ce Championnat Cycle Classique 4 ans Mâles & Hongres 2024
1- Karaganda Semilly, sf (Mylord Carthago, sf), né au Haras de Couvains (Normandie), monté par Clément Fortin (Manche) – 4 sans faute sur 5 sorties – 575ème du Top 100 SHF – 354 € de gains
2- Kill Bill des Parts, sf (Armitages Boy, old), né chez Thomas de Cornière (Normandie), monté par Julie Coursin (Calvados) – 8 sans faute sur 12 sorties – 240ème du Top 100 SHF – 561 € de gains
3- Kasall du Bidou, sf (Casall, holst), né chez Charles-Hubert Blin (Normandie), monté par Arthur Le Vot (Bretagne) – 9 sans faute sur 12 sorties – 156ème du Top 100 SHF – 625 € de gains