29.08.2021

Fontainebleau 2021 : Fashion de la Motte, le succès en CL2-6 ans loin des modes

Ce sont finalement 82 couples qui se sont élancés sur les deux épreuves qualificatives de cette finale du Championnat Cycle Libre 2ème année 6 ans disputées sur le Petit Parquet puis la Carrière des Princes fraîchement rénovée. Seuls 27 eurent le privilège de participer à la Finale sur le Grand Parquet dimanche 29 août. Fashion de la Motte et Ficaria Verma, ex aequo en nombre de points (un score vierge!) durent être départagés par leur chrono lors de la finale. 19 centièmes de mieux offrent le titre à la première et à son naisseur Jean-François Rocher.

Coup de Jarnac pour Fashion de la Motte

« Je suis super content de la jument ! » lance Jean-François Rocher d’entrée de jeu. Il élève sur une petite ferme de famille dans le vert pays de la Puisaye, à St Privé (Yonne), sur environ dix hectares. « J’ai acheté sa mère Sychem du Moulin (Jarnac, SF) à l’âge de six mois au sevrage uniquement sur ses papiers » raconte-t-il. « Je débourre et travaille tous mes chevaux dans mon écurie privée et je les commercialise vers 4/5 ans. Fashion s’est révélée plus tardive que les autres, j’ai donc décidé de la garder un peu plus longtemps. » Sa mère Sychem fut mise au travail à trois ans. Et déjà les offres affluèrent ! « Mais j’avais pour objectif d’élever donc je ne l’ai pas sortie en concours, je l’ai juste travaillée à la maison ». Après Fashion de la Motte, Sychem donna naissance à Gandja de la Motte, SF (Hooligan de Rosyl, SF) qu’il envisage de garder à l’élevage, puis Joker de la Motte, SF (par Djunk de Tobesben, SF, monté par Max Thirouin et désormais sous la selle de Bruno Alessandrini).

FASHION DE LA MOTTE & Valentin Fabien - Crédit photos : PSV Photos

« Cette année, je l’ai adressée à Rubis de Preuilly, et faite inséminer au Haras de Gravelotte. Je tiens d’ailleurs à remercier Barbara Brisset, l’inséminatrice, pour son travail incroyable, Jean-Marc Buchi, mon vétérinaire, Gaëtan Meliant, le maréchal-ferrant, et bien sûr ma compagne Flavie Marteau. Elever c’est un travail d’équipe ! ». Sans oublier Julien Herzog, propriétaire du Jumping Club d’Auxerre qui lors d’une visite à l’élevage repéra Fashion, fit une offre et repartir avec la jolie bai. Celui-ci la confia à ses cavaliers Matthieu Hocquet, Olivier Guiblain et Valentin Fabien qui l’a acquis en décembre dernier et montée lors de cette finale. Quant au choix du père de Fashion, Olivier de Laborderie a entièrement fait confiance à Barbara Brisset. « Le plan génétique a été entièrement étudié avec elle. Certes, le cheval n’était pas sur la pente ascendante mais il me plaisait beaucoup. » Résultat : une jument avec bon caractère, de la taille, et une bonne locomotion. De quoi remplir son naisseur de bonheur !

 

FASHION DE LA MOTTE & Valentin Fabien - Crédit photos : PSV Photos

Ficaria Verma, une vice-championne qui a tout d’une lady

Comme plusieurs autres éleveurs récompensés à l’occasion de ces finales Cycle Libre, Cédric Morvan n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Créateur et directeur de la société Enruban’horse spécialisée dans l’aliment enrubanné pour chevaux, il anime à ses heures « perdues » une écurie de propriétaires et cultive ses terres en famille. « Enruban’Horse fournit les écuries d’Ile-de-France et de la région de Chantilly » détaille-t-il. Installé à Mareil-en-France au nord-ouest de l’aéroport Charles-de-Gaulle, il élève depuis quelques années notamment avec la mère de Ficaria Verma, Voodoo Lady de la Noble Haie, une jument d’origine belge, fille de l’international Priamos vh Doornenhof, sBs (Bon Ami, sBs). « Voodoo s’était qualifiée pour Lanaken à 4 et 5 ans sous la selle de Ghislain Brocard (BEL) » raconte Cédric Morvan. « Elle fut opérée d’un jarret mais malheureusement ça ne se passa pas comme prévu et je l’ai donc récupérée ». Encore une fois un malheur qui fit le bonheur du jeune éleveur, avide de souches confirmées. « En 2012, je possédais et montais une jument en Cycle Libre mais, bien que très concours, j’ai préféré ne pas la mettre à la reproduction car elle ne présentait pas les qualités requises. »

FICARIA VERMA & Cédric Morvan - Crédit photos : PSV Photos

Ficaria vit donc le jour fin juillet 2015, et devint le premier produit de Voodoo. « J’étais auparavant apprenti chez Olivier Jouanneteau et j’ai eu la chance de débourrer Norman Pré Noir » explique-t-il. Ce fut donc davantage un choix par affinité qui aujourd’hui donne naissance à une très belle histoire. « Fashion a du caractère » admet-il. « Nous l’avons débourrée à 4 ans, puis à 5 ans, avec la Covid-19, nous n’avons pas trop eu le temps, avec la saison qui débuta en juin. Nous avons quand même participé à la finale organisée à Fontainebleau. Puis malheureusement, la finale régionale d’Ozoir-la-Ferrière a été annulée fin octobre. Le travail a donc repris l’hiver dernier. J’ai fait confiance à la jument car elle possède des moyens. Mais il reste du travail car elle est tardive, grande, délicate. Je ne m’attendais pas du tout d’abord à la voir à la finale et encore moins terminer sur le podium. Nous avons persévéré et voilà...ce fut un honneur de sauter sur le Grand Parquet ! ». Fashion va rester à l’élevage pour perpétuer la souche, d’autant que sa mère a disparu cette année après avoir mis au monde un mâle par Ogrion des Champs. Son naisseur poursuivra en parallèle le développement de son Ecurie Morvan qui compte déjà une quarantaine de propriétaires.

Festival de Riverland, petit cheval charentais à l’assaut des monts d’Auvergne

Comme souvent dans ce championnat Cycle Libre, l’histoire de ce hongre est tout à fait singulière, comme en témoigne sa propriétaire Sophie Serrat. « J’avais acheté chez Mickaël Varliaud voici des années : un trois ans pour assurer la relève de mon vieux cheval de concours » raconte l’auvergnate. « A l’époque, il y a une quinzaine d’années, titulaire d’un BE, j’enseignais l’équitation et je montais en amateur. D’un coup, j’ai perdu mes deux chevaux, mon fidèle Jason des Garceaux et mon jeune Cognac de Riverland, tous les deux d’une myopathie atypique. » La jeune passionnée eut un peu de mal à s’en remettre, et ce n’est qu’en tant que conseil qu’elle accepta d’accompagner sa meilleure amie à l’élevage de Riverland quand celle-ci cherchait un cheval. « Mon amie étant très grande, Mickaël me présenta à l’essai plusieurs grands chevaux. Puis il m’amena un petit alezan d’1,55m. Je lui dis que ça ne conviendrait pas mais il insista...parce qu’il voulait que je le prenne pour moi ! ». A force, Sophie céda et les deux amies repartirent avec deux chevaux dans le camion. Par manque de temps, elle chercha à le confier. Le choix se porta sur Romain Allano, ami d’enfance et auvergnat comme elle, mais basé en Seine-et-Marne, à Crèvecoeur-en-Brie, non loin de sa compagne Margaux Bain, gérante des Ecuries du Nectar dans l’Yonne. « Après une année blanche à 4 ans, il l’a récupéré à 5 ans mais nous avons dû renoncer aux concours à cause de la Covid-19. Il l’a ensuite confié à une jeune cavalière, Camille Poulain, en tous frais, tous gains. » Et le couple s’en est très bien sorti pour sa première saison ensemble ! « Ils n’ont commencé les concours qu’en mai, ont terminé vice-champions d’Ile-de-France, et maintenant sans faute + 4 points avant de gagner sur le Grand Parquet ! » s’enthousiasme Sophie Serrat. « Festival est un petit cheval un peu coquin – il saute toutes les clôtures, nous avons dû créer un paddock spécial pour lui ! - et ce n’est donc pas évident de trouver un pilote. Même si je ne l’envisageais pas au départ, il sera peut-être à vendre...mais pas à n’importe qui ! De toute façon, Camille a la priorité, si elle souhaite l’acheter, nous lui vendrons avec plaisir ». 

FESTIVAL DE RIVERLAND & Camille Poulain - Crédit photos : PSV Photos

 

Propos recueillis par Xavier Boudon

 

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Résultats Cycle Libre