Fontainebleau 2022 : HATLANTIKA Championne des 5 ans
Nicolas Layec, heureux cavalier d'HATLANTIKA revient sur sa victoire avec la jolie 5 ans :
Il s'en est fallu d'un crin que Hix Hix Elle, en tête du Top 100 SHF à la veille de la Grande Semaine, ne s'impose également dans le Championnat. Pourtant, c'est Hatlantika, 24ème au Top 100, qui a offert un second titre à Bruno Rocuet, son naisseur et propriétaire, et Nicolas Layec, son cavalier. Holyday de la Cense s'octroie la troisième place avec Jean-Marc Le Guennec.
Retour sur cette édition 2022 en compagnie des intéressés.
Hatlantika surfe sur la bonne vague
Vingt-quatre heures après le sacre de Ghana du Gast dans la finale des 6 ans mâles & hongres, Nicolas Layec, cavalier de l'écurie Rocuet depuis fin 2021, a offert à son célèbre patron un second titre. Cette fois, celui-ci a une saveur particulière, quasi sentimentale. Le père d'Hatlantika n'est autre que l'étalon "maison" Best Of Iscla (Diamant de Semilly), ISO 154, gagnant en CSI3* avec Margaux Rocuet. La jument est l'avant-dernier produit né à la Gouhardière avant de rejoindre l'élevage du Tyl de Philippe Legendre. Son frère utérin Ginola fut finaliste à 5 ans avant d'être cédé à Helena Beyer et Michael Diederlé, installés dans le Bas-Rhin. "Hatlantika est vraiment intéressante à monter" témoigne son cavalier. "Elle est très différente des deux autres chevaux qui sont montés sur les podiums cette année, Ghana du Gast et Gigi. Elle possède de la force, du respect, c'est une vraie force tranquille en piste alors qu'à la maison, elle est très sensible, regarde tout. C'est incroyable comme elle se transforme une fois sur le parcours. Elle a confiance, elle monte le garrot, elle passe le dos, avec un gros coup de jarret, et malgré sa taille, elle est très maniable."
HATLANTIKA & Nicolas Layec - Crédit Photos : PSV Photos
L'étude de sa souche maternelle montre qu'Hatlantika descend de l'excellente Quenotte B (Gagne Si Peu, ds) née chez Alfred Brohier, mère de la célèbre Altesse (Enfant Terrible, ps) d'où Garalui (étalon) et de Son Altesse II (Uriel, sf) d'où l'étalon Félin Pierreville, ainsi que de Cyrano V (ICC 163), et l'étalon Foudre de Guerre. C'est la lignée directe de Tzigano Massuère (ISO 156), Al Capone Massuère (ISO 155), et surtout l'international Luccianno, CSI5* avec Nicolas Delmotte. Bon sang ne saurait mentir ! Appartenant pour moitié à Mario et Denise Zindel (également co-propriétaires du très prometteur Djibouti de Kerizac, récemment 3e du Grand Prix CSIO3* de Gorla Minore), Hatlantika devrait rester à l'écurie Rocuet au minimum jusqu'à l'an prochain, de quoi réjouir Nicolas qui lui trouve autant de moyens que Ghana, "mais en beaucoup moins têtu !" (rires)
HATLANTIKA & Nicolas Layec - Crédit Photos : PSV Photos
Hix Hix Elle, le bonheur XXL d'Arnaud Bourdois
En tête du Top 100 SHF à la veille de la Grande Semaine, l'alezane dut s'incliner au sprint final. Mais peu importe. Car cette deuxième place vaut largement une victoire pour son cavalier et co-naisseur Arnaud Bourdois, mais aussi Thierry Raoult, propriétaire fidèle depuis 2001 et associé sur cette fille de Luidam. "J'ai acheté sa mère Qualine de Launay lorsqu'elle avait trois ans" se souvient Arnaud, "elle sautait très bien, avec beaucoup de respect, et ensemble nous avons gagné en 1,35m et nous sommes classés en 1,40m." Thierry Raoult, bien que n'ayant pas trop la fibre éleveur, possédait Qualine et proposa à Arnaud de partager la propriété du futur produit dont il paya la saillie. Hix Hix fut mise au travail en fin d'année de trois ans avant d'entamer sa saison de 4 ans sur les épreuves Formation 1. "Après quatre qualificatives, elle s'est mise à tousser, alors nous avons préféré la laisser au repos" explique-t-il. Remise en route à 5 ans, Hix Hix Elle montra de vraies qualités. "Elle est plus souple que sa mère dont le dos est rigide, Hix Hix Elle a un passage de dos vraiment facile". Sans aucun doute une qualité transmise par son père Luidam, géniteur de l'excellent Candy de Nantuel à la souplesse visiblement héréditaire. "Elle a fait parler d'elle le dimanche et je m'en doutais" admet-il. "On nous l'a beaucoup demandée toute la saison, dès son premier parcours à Dinard en mars, des acheteurs sérieux. Je suis chef d'entreprise et je dois aussi faire tourner mon activité. Thierry ne voulait pas vendre la jument, alors je lui ai vendu ma part. Lui et moi avons tissé de vrais liens de confiance que l'on a rarement dans ce milieu" dit-il, au point que le duo possède sept chevaux en copropriété.
HIX HIX ELLE & Arnaud Bourdois - Crédit photos : PSV Photos
Malgré tout, Arnaud a conservé la jument sous sa selle jusqu'à Fontainebleau, une jument dont beaucoup se sont moqués, lui y compris. "Je me suis toujours moqué d'elle parce qu'elle a une tête très moche" avoue-t-il en riant. "Elle a un très beau modèle, mais elle est née immense, avec une robe alezan très moche, du blanc dans les yeux, la tête busquée...". C'est d'ailleurs pour ça que la paire d'investisseurs a choisi Cornet Obolensky pour le premier transfert d'embryon pratiqué sur la vice-championne des 5 ans au lendemain de la Grande Semaine, une période moins gênante dans sa carrière. "Cornet lui correspond bien. Il va apporter son coup de genou et elle, son passage de dos". Arnaud Bourdois se remémore encore avec émotion sa venue au monde. "Qualine est morte dans mes bras après son dernier poulinage...aller en finale et terminer sur le podium, c'était une façon de lui rendre hommage... Je fais ce métier car j'aime les chevaux, et cette 2e place est très symbolique." De cette pouliche peu gâtée par la Nature, Hix Hix Elle est devenue au fil des ans la fille prodige. "Au moment où je doutais sur son potentiel, mon ami Christophe Deuquet, croisé au salon des étalons de Saint-Lô, m'a dit 'Qu'est-ce que tu t'en fiches ? Si ça se trouve, ce sera ta meilleure 7 ans !'. C'est en tout cas ma meilleure 5 ans !" ajoute-t-il très ému. Hix Hix Elle, ou ce petit supplément d'âme qui fait toute la différence une fois en piste...
HIX HIX ELLE & Arnaud Bourdois - Crédit photos : PSV Photos
Holyday de la Cense, un petit air de Suisse en terres normandes
Quand nous entendons 'de la Cense', nous pensons immédiatement à l'élevage manchois de Jacky Misteli, à l'origine d'innombrables bons chevaux et de podiums à la Grande Semaine de Fontainebleau. Désormais géré par Emmanuel Vincent (qui fit d'ailleurs connaître l'affixe sur la scène internationale grâce entre autres à l'étalon Jenny de la Cense), l'élevage de la Cense élève non seulement ses poulains mais également ceux des frères Hauri, associés et amis de longue date de la famille. Holyday est d'ailleurs née pour leur compte, comme tant d'autres sur les terres de Moon-sur-Elle. Mais contrairement à certains, la jument provient d'une souche 100% étrangère. En effet, sa mère Lialena, fille du désormais très en vogue Cornet Obolensky inscrite au BWP, fut montée en épreuves internationales par Adélaïde Lautié jusqu'au niveau 1,45m. Elle a déjà donné au duo Suisse 10 produits. "Holiday est née ici à l'élevage" dit Jean-Marc Le Guennec, le cavalier attitré de la famille Misteli-Vincent. "A 4 ans, elle a suivi le cursus normal, d'abord les Formation 1 puis quatre épreuves SHF 4 ans et un double sans faute au CIR de Saint-Lô. Mais on a choisi de la remettre au champs avant Fontainebleau."
HOLYDAY DE LA CENSE & Jean-Marc le Guennec - Crédit photos : PSV Photos
Ces petites vacances permirent à son pilote de faire mûrir sa protégée. "Holyday n'est pas la plus simple dans le contrôle" admet-il, ce qui occasionna notamment une petite faute lors de la deuxième journée du CIR de Saint-Lô en août dernier. La suite, on la connaît : un triple sans faute, de bonnes notes de la part des juges dont un 17 en aptitude et Holyday s'offrait le label Elite, de quoi satisfaire son cavalier, aux rênes de pas moins de douze chevaux lors de la Grande Semaine. "Sauter sur le sable était moins dur" dit-il, "mais les parcours m'ont semblé plus compliqués. En Normandie, nous sommes habitués aux terrains en herbe, donc courir sur le Grand Parquet ne nous dérange jamais. J'avoue que c'est plus équitable que tout le monde saute dans les mêmes conditions, même si cela retire un peu de charme à la finale." Qu'il se rassure, 2023 verra le retour de l'herbe à la Grande Semaine. D'ici là, Jean-Marc Le Guennec aura changé de casaque puisqu'il quitte la Cense pour rejoindre le Haras de Semilly après trois ans de bons et loyaux services.
HOLYDAY DE LA CENSE & Jean-Marc le Guennec - Crédit photos : PSV Photos