Fontainebleau 2024 : Igy de la Roque sur un air pop, Championne des 6 ans Juments
La chaleur moite régnant sur le Stade Équestre du Grand Parquet est venue s'ajouter à la technicité du parcours dessiné par Jean-François Gourdin et Alain Lhôpital sur la Carrière des Princes. Les 14 meilleures juments de 6 ans issues des deux qualificatives et de la première manche de la finale se sont affrontées sur un tracé jalonné de 9 obstacles dont un double de verticaux aux couleurs du Stud-book Selle Français qui fut finalement une formalité. Parmi ces demoiselles, nous avons retrouvé un échantillon des meilleurs élevages français : Kreisker, Riverland, de la Roque, de B'Neville, Vesquerie...avec une nette domination de la Normandie. C'est d'ailleurs la grise IGY DE LA ROQUE née chez Alexandrine Bonnet-Dian dans le Calvados qui s'impose devant la Manchoise ISIS DE B'NEVILLE et l’Ardennaise INDY DE TALMA, toutes trois Elite.
Le rock endiablé d’Igy
Petite par la taille, la grise a montré de la facilité et du cœur, avec une jolie marge de progression. "J'avais un peu de pression en passant à la fin" avoue son cavalier Geoffroy Breant. "A 5 ans j'ai fait quelques préparatoires car je n'avais pas d'autres jeunes chevaux. Elle a signé beaucoup de sans faute et elle était toujours plus démonstrative en concours. Elle est très intelligente et douée, on la promène en main comme un poney (elle toise 1,58m, ndlr). Au début je me faisais toujours surprendre car à la maison je croyais qu'elle n'avait pas de galop alors qu'en piste je suis court dans les lignes." A 56 ans, le Seinomarin remporte son tout premier titre SHF, lui qui avait été sacré Champion de France Pro 2 sur ce même terrain il y a quelques années. Fille d’Untouchable 27 dont la production a été très remarquée lors de cette édition 2024, Igy est une petite-fille de la bonne Feldam de Blondel (Quidam de Revel, sf), ISO 153, finaliste à 6 ans, mère notamment de l’étalon Kassidy (ISO 155, finaliste à 6 ans). Feldam estt l’une des filles de la jument base de l’élevage d’Eliane et Michel Ruel (affixe ‘de Blondel’), Phedra Ratelière (Belphegor IV, sf), mère de l’internationale Vergonne II (ISO 175), Eolien II (ISO 150, étalon), Jade de Belair (ISO 151), Jani de Blondel (ISO 154), etc. Le nombre de gagnants de cette souche en fait tout simplement l’une des plus prolifiques du stud-book Selle Français. C’est celle du célèbre Sans Souci, vainqueur du Grand Prix d’Aix-la-Chapelle avec Marcel Rozier.
IGY DE LA ROQUE & Geoffroy Breant - Crédit photo : PSV Photo
Igy avait déjà changé de mains avant la finale, acquise par le Haras de Mézeray qui a accepté de la laisser au Normand jusqu'à Fontainebleau. "Je voulais aller au bout. C'est une machine à sans faute, ce n'est pas du hasard, elle a une tête extraordinaire. Je dois remercier Alexandrine qui me l'a confiée." L'éleveuse a assisté au sacre de sa jument et force est de constater qu'elle affichait un sourire radieux. "J'ai eu la chance de pouvoir acheter un embryon de Feldam de Blondel, la formidable jument née chez Michel Ruel, qui est devenu Séduction de la Roque, une fille de Kannan" dit-elle. Feldam, ISO 153, n'est autre que l'une des filles de la jument base de l'éleveur Manchois, Phedra Ratelière, dont la descendance ne cesse de s'illustrer dans le sport. "J'ai toujours senti chez Igy le sens du concours" admet Alexandrine. "Elle a l'énergie et l'envie, une caractéristique que l'on retrouve chez les produits issus de mères par Kannan." Bien que vendue, sa naisseuse espère un jour acheter l'un de ses poulains, tandis qu'elle a vendu sa mère l'an dernier à l'élevage des Orcets.
IGY DE LA ROQUE & Geoffroy Breant - Crédit photo : PSV Photo
Isis de B’Neville, déesse Manchoise
A la seconde place de ce championnat, on retrouve ISIS DE B'NEVILLE. Sérieuse et appliquée, la protégée de Jean-Baptiste Thiébot a montré de belles dispositions, le tout avec un modèle harmonieux et de la force. Toujours propriété de son naisseur, elle a effectué toute sa formation sous la selle d'Arthur Le Vot. "Il monte vraiment bien" dit-il, "je travaille avec lui et Olivier Le Vot qui gère la commercialisation. Ils sont très doués !". Isis n'est issue ni de la souche maternelle Prima Donna (d'où Cap de B'neville par exemple) ni de celle de la championne Amande de B'neville. Toutefois son grand-père maternel n'est autre qu'Idem de B'neville, le très bon gagnant international de Jérôme Debas-Montagner issu directement...de Prima Donna ! Isis est une fille du regretté By Ceira d’Ick, l’un des rares fils reproducteurs de la célèbre Fein Cera, qui fit les beaux jours de l’américain Peter Wylde. Second produit de sa mère, Isis descend d’une souche initié par l’oncle de jean-Baptiste, René, dans les années 50 à partir d’Opérette D II (Herquemoulin, sf), mère notamment de Dialogue (Valesco, ps) ISO 140 et finaliste à 4 ans, et de Mitaine (Hamilcar, sf), mère de l’étalon Alto de B’Neville (Starter, sf). « Une modeste souche » comme la qualifie le Manchois. « La mère d’Isis, une fille de Socrate de Chivré, a d’abord fait un mâle mort prématurément à deux ans. Arthur croit beaucoup en Isis, il adore la jument. »
ISIS DE B'NEVILLE & Arthur Le Vot - Crédit photo : PSV Photo
Le partenariat perdure depuis maintenant des années. « Dès qu’Arthur est passé à cheval, il montait mes chevaux » raconte l’éleveur, « à une époque, quand on rentrait dans son barn, près de dix chevaux étaient à moi. Aujourd’hui, je leur en confie entre un et trois, des chevaux avec du potentiel. Il est très fort en commerce, il a un réseau incroyable » dit-il étonné. Parfois vu comme un irréductible Normand, Jean-Baptiste Thiébot a sa propre vision de l’élevage et de la valorisation. « Je suis atypique dans ma démarche et ma méthode de gestion. Je rentre mes chevaux assez tard. Quand je garde un mâle, je le présente à 3 ans, jamais à 2 ans car pour moi c’est trop tôt. Les finales SHF sont utiles mais ça doit rester de la formation. En France, je trouve qu’on va parfois trop vite. J’ai par exemple plusieurs chevaux confiés à un cavalier français en Allemagne qui tourne sur des épreuves adaptées sur des belles pistes. » Pionnier parmi les éleveurs, Jean-Baptiste Thiébot intégra la SHF en 1990 avec Paul Hubert en tant que tout premier socioprofessionnel, lui conférant une place singulière dans le paysage équestre. Avec encore 25 poulinières, le septuagénaire s’inquiète de l’avenir de l’élevage dans la Manche. « Le nombre d’éleveurs diminue fortement. Moi-même je ne sais pas qui sera en mesure de reprendre ma ferme. J’ai encore la forme, et j’essaie de former des jeunes motivés. C’est un métier difficile certes, mais avec les nouvelles techniques, c’est quand même plus facile qu’avant. » Avis aux amateurs de belle génétique !
ISIS DE B'NEVILLE & Arthur Le Vot - Crédit photo : PSV Photo
Indy de Talma, l’or des Ardennes
INDY DE TALMA complète le podium sous les yeux de son naisseur Michel Guiot. Le président de la SHF a choisi d'associer Vigo Cécé à la souche de Joyeuse, mère notamment de l’étalon Opium de Talma (Carthago, holst) et Requiem de Talma (Cento, holst), l’inusable partenaire d’Alexandra Ledermann, toujours performant à 19 ans… ! Beaucoup d’éleveurs savaient très tôt que Vigo Cécé (Quaprice Boimargot, holst) serait un bon étalon en plus d’être un bon compétiteur. Champion des étalons Selle Français de 3 ans, disparu à 6 ans seulement, il laisse une descendance performante et désormais convoitée. La victoire d’Enjoy de la Mûre dans le Sires of the World fin septembre a accru cette visibilité et nombreux sont les éleveurs européens à rechercher son sang. La participation de son autre fils étalon, Diego de Blondel, au Championnat du Monde des Stud-books organisé à Valkenswaard ne fait que conforter l’intérêt de sa génétique.
INDY DE TALMA & Valentin Pacaud - Crédit photo : PSV Photo
Indy de Talma illustre s’il le fallait la qualité de sa production, soulignée par son cavalier Valentin Pacaud. « J’ai commencé à monter Indy à mon arrivée au Haras de Talma, lorsqu’elle avait cinq ans. La saison dernière, nous avons pris le temps nécessaire pour gérer sa force et sa trajectoire à l’obstacle. Elle a participé au CIR de Compiègne, où elle est sans-faute, avant de retourner au pré. Elle a repris le travail cet hiver, puis nous avons suivi le circuit classique. » La suite, nous la connaissons. Un triple sans faute lors de la finale et une troisième place méritée pour la puissante alezane, de quoi réjouir son naisseur, aux premières loges durant toute cette finale.
INDY DE TALMA & Valentin Pacaud - Crédit photo : PSV Photo
Visionnez l'interview vidéo de Geoffroy Bréant, cavalier de la nouvelle Championne IGY DE LA ROQUE :
Le palmarès de ce Championnat Cycle Classique 6 ans Juments 2024
1- Igy de la Roque, sf (Untouchable 27, kwpn), née à la SARL Top Stallions Company (Normandie), montée par Geoffroy Breant (Seine-Maritime) – 14 sans faute sur 16 sorties – 15ème du Top 100 SHF – 2318,65 € de gains
2- Isis de B’Neville, sf (By Ceira d’Ick, sf), née chez Jean-Baptiste Thiebot (Normandie), montée par Arthur Le Vot (Ille-et-Villaine) – 14 sans faute sur 18 sorties – 20ème du Top 100 SHF – 2278,21 € de gains
3- Indy de Talma, sf (Vigo Cécé, sf), née chez Michel Guiot (Grand-Est), montée par Valentin Pacaud (Ardennes) – 11 sans faute sur 16 sorties – 107ème du Top 100 SHF – 1831,59 € de gains
Le palmarès du Critérium Cycle Classique 6 ans Juments 2024
1- Igy de la Roque, sf (Untouchable 27, kwpn), née à la SARL Top Stallions Company (Normandie), montée par Geoffroy Breant (Seine-Maritime) – 14 sans faute sur 16 sorties – 15ème du Top 100 SHF – 2318,65 € de gains
2- Indy de Talma, sf (Vigo Cécé, sf), née chez Michel Guiot (Grand-Est), montée par Valentin Pacaud (Ardennes) – 11 sans faute sur 16 sorties – 107ème du Top 100 SHF – 1831,59 € de gains
3- Isis de B’Neville, sf (By Ceira d’Ick, sf), née chez Jean-Baptiste Thiebot (Normandie), montée par Arthur Le Vot (Ille-et-Villaine) – 14 sans faute sur 18 sorties – 20ème du Top 100 SHF – 2278,21 € de gains