28.08.2024

Fontainebleau 2024 : L'Oise à l’honneur grâce à Karaba Pam, nouvelle Championne des 4 ans

Comme le règlement le prévoit, les cinq meilleures juments de ce Championnat SHF sont reparties auréolées de la mention Elite. Et cela s’est joué à un centième voire quelques millièmes pour s’adjuger la victoire finale. L’Isarienne KARABA PAM offre à ses naisseurs leur premier titre SHF grâce à une meilleure note au modèle. Elle a pris l’ascendant sur la ligérienne KARELLE DORADO TG, vice-championne devant KINSHASA MAKAMBO THOM, venue de Dordogne.

Abra’Karaba Pam !

Gérant des Ecuries d’Albizia, situées à St Germer de Fly dans l’Oise, Emile Pein a su mener sa jeune partenaire jusque sur la plus haute marche du podium. Double sans faute lors du CIR du Lion d’Angers, la fille de Balou du Rouet a répété sa performance sur le Grand Parquet. Très appréciée par les juges au modèle qui lui ont attribué la deuxième meilleure note de l’ensemble des participantes, elle s’impose sur le fil avec seulement 0,025 point d’avance...une paille ! Suffisant néanmoins pour ravir ses naisseurs, Hélène Kouassi et Cédric Demarcy. « Nous sommes totalement amateurs et travaillons à côté » précise Cédric. Passionnés d’élevage, ils élèvent depuis vingt ans à raison d’un poulain par an en moyenne, « et les naissances se font plus régulières depuis la génération des ‘K’ » indique-t-il. Cavalier amateur, formé au milieu agricole, féru de génétique, Cédric Demarcy s’est toujours dit qu’un jour, il achèterait une bonne poulinière. « En 2010, via une connaissance, nous sommes allés à l’élevage de l’Abbaye de Monsieur Louis Leconte dans la Manche. La jument que nous avons vue, Arkodaye de l’Abbaye, n’était pas dans notre budget. Nous sommes rentrés chez nous dans l’Oise sans prendre de décision. Et finalement nous avons décidé de casser notre tirelire ! ». La fille d’Arko III, le crack de Nick Skelton, a ainsi tourné quelques temps en Cycle Libre puis le couple a déménagé.

KARABA PAM & Emile Pein - Crédit photo : PSV Photo

C’est alors qu’il rencontre Emile Pein et Mahité Fagot, à qui il confie la précieuse jument. « KARABA PAM est née par transfert d’embryon pendant que sa mère poursuivait sa carrière sportive. Je me souviens de cette période. Arkodaye a pris avec deux paillettes de Balou du Rouet. Ensuite, j’ai emmené l’embryon congelé dans une fiole jusqu’à Equitechnic dans le Calvados et il a pris du premier coup » se souvient-il. Peu de temps après, Arkodaye se blesse, et ses propriétaires choisissent de la mettre à la saillie de Good Pleasure Semilly, puis d’Andiamo Semilly. « Nous avons alors fait une pause afin de voir comment étaient les poulains et adapter nos choix d’étalons » dit-il. Arkodaye a donc repris le sport quelques temps sous la selle de leur fille Mahaut Demarcy en dressage. Malheureusement, la boîterie étant revenue, l’alezane est retournée à l’élevage et a été adressée cette année à Halifax. Pendant ce temps, Karaba Pam donnait naissance à une pouliche alezane par transfert d’embryon, croisée avec Faut-Il des 7 Vallons. «  Nous recherchons l’énergie, la locomotion et les performances chez les étalons choisis. En procédant à un transfert sur Karaba, nous voulons accélérer le progrès génétique » insiste Cédric. « Tous les produits d’Arkodaye ont pris de leur père » ajoute Hélène Kouassi, la co-naisseuse. « Arko lui a légué un joli bout de devant, de l’épaule jusqu’au nez, mais un dos un peu long et raide. Lorsque nous l’avons mise à la saillie la première fois, nous avions pensé à un étalon mais nous avons fini par changer d’avis et nous avons opté pour Balou du Rouet. Nous sommes vraiment contents de tous ses produits » dit-elle. Aujourd’hui co-propriété de Cédric, Hélène, Emile Pein (son cavalier) et Mahité Fagot, Karaba Pam profite d’une pause bien méritée avant de reprende gentiment le travail. Objectif : le circuit SHF 2025 !

KARABA PAM & Emile Pein - Crédit photo : PSV Photo

Karelle Dorado TG, la nouvelle Eldorado

Pour une poignée de points en moins, la bai termine deuxième de ce championnat, non sans avoir réalisé une magnifique saison, malgré un petit loupé le premier jour du CIR. Montée par son naisseur Thomas Goutille lors des épreuves qualificatives, elle a été confiée aux bons soins de Thomas Lévêque lors de l’Interrégional puis de la finale. Formateur réputé de jeunes chevaux installé dans l’Ain, Thomas a su trouver les bons réglages afin de porter la fille d’Eldorado van de Zeshoek sur le podium. « J’élève depuis quelques années en région Auvergne-Rhône-Alpes à côté de Roanne, dans la Loire » explique Thomas Goutille. « Je ne fais pas qu’élever, je monte également au sein de l’écurie. » Passionné d’élevage, le Ligérien a misé sur une génétique exceptionnelle. « J’ai acheté la mère de Karelle aux ventes Fences car c’est la sœur d’Ornella Mail » explique-t-il. « Quand j’ai cherché un étalon, Eldorado commençait à faire parler de lui à l’étranger, pas tellement en France, et je me suis dit que le croisement serait super. L’amusant, c’est que la mère d’Eldorado était Bijou Orai, montée par Olivier Perreau, Roannais comme moi. La pouliche était de bonne taille à deux ans, alors je l’ai mise à la reproduction ». Karelle a ainsi donné naissance en 2023 à une pouliche par Cazador LS. « Karelle réussit tout ce qu’elle fait » dit-il, « Elle a été saillie, elle a eu un poulain. Le débourrage est allé très vite. En janvier elle était débourrée, en mars elle sautait en concours. Je l’ai montée moi-même, avec huit sans faute sur huit. J’ai senti que la jument avait de la qualité, alors j’ai décidé de la confier à quelqu’un pour finir la saison correctement. Et je crois que j’ai bien fait car non seulement elle a plu aux juges, mais elle termine vice-championne. »

KARELLE DORADO TG & Thomas Lévêque - Crédit photo : PSV Photo

Thomas Goutille n’est pas à son coup d’essai sur le circuit SHF. « Il y a quelques années, j’avais une très bonne jument qui avait signé 100 % de sans faute, mais elle n’était pas la plus jolie et avait terminé Excellente » précise-t-il. A raison de deux à trois naissances par an, Thomas aime sortir des sentiers battus. « Je ne vais pas toujours aux étalons commerciaux avec d’énormes productions. Ce sont de bons chevaux, mais je préfère déceler de futurs grands sires. » Après Cazador LS, il a misé sur Apardi cette saison, toujours en transfert d’embryon. « La première pouliche est très belle, mais un peu petite. J’ai voulu amener plus d’envergure. Apardi était disponible chez le Dr Pierre Valette près de chez moi,  ce qui m’a permis de ne pas trop perturber la saison de Karelle. » Devenu éleveur au fil des années sous l’influence de son employeur Bruno Louchet, Thomas Goutille s’est pris au jeu de la génétique et de la sélection. « Petit à petit, j’ai gardé quelques juments pour les mettre à la reproduction. D’un côté je gère mon élevage avec l’aide de mon père, et de l’autre je travaille les chevaux de propriétaires pour la famille Louchet » précise-t-il. « Au départ, j’ai eu du mal à comprendre les subtilités du nouveau règlement, entre Championnat et Critérium. Je trouve ça bien car cela permet de garder un podium de chevaux français sans laisser les étrangers et les OC nés en France de côté. » Face à la hausse du coût de revient de l’élevage, Thomas Goutille gère son petit élevage le plus raisonnablement possible. « Si je pouvais n’avoir que des cracks, ce serait top. Karelle est à vendre, c’est en discussion. Mais j’ai d’autres chevaux en route, notamment une 5 ans malchanceuse cette année mais en qui je crois et dont je n’ai pas réussi à obtenir d’embryon. Karelle ayant déjà une fille, je me suis dit que je pouvais la vendre. » Il est fort probable que nous reverrons Thomas sur le bord de piste bellifontain l’an prochain avec une nouvelle perle.

KARELLE DORADO TG & Thomas Lévêque - Crédit photo : PSV Photo

 

Kinshasa Makambo Thom, c’est le Saint Pompon !

Il est devenu rare en Cycle Classique que des chevaux participent à la Grande Semaine sous la selle de leur naisseur. C’est pourtant la belle performance qu’a accompli Arnaud Rasquier, naisseur et cavalier de la médaillée de bronze de ce championnat, la bai KINSHASA MAKAMBO THOM. Ce nom original est tiré d’un film documentaire congolais sorti en 2018 retraçant la contestation ayant secoué le pays lorsque Joseph Kabila refusait de quitter le pays. Installé à Saint Pompon en Dordogne, le quadragénaire est arrivé au CIR de Pompadour avec six sans faute sur huit parcours, concours où il en ajouta deux, de quoi nourrir quelques ambitions légitimes en vue de la finale. Nichés près de Sarlat depuis une dizaine d’années, Arnaud et son épouse élèvent avec passion, chacun avec sa propre sensibilité, madame le saut d’obstacles, monsieur le concours complet. « Nous faisons naître environ une quinzaine de poulains par an » indique-t-elle, « j’ai toujours été passionnée d’origines, je viens à Fontainebleau depuis très longtemps. Mais j’ai eu une écurie de propriétaires à Montpellier pendant dix ans donc l’élevage n’était pas vraiment envisageable. Finalement nous avons récupéré la ferme familiale en Dordogne où nous avons 160 hectares...et nous avons concrétisé notre rêve. » Agriculteurs de génération en génération, spécialisés dans les bovins Limousins (dont ils ont gardé quelques spécimens), les deux éleveurs ont débuté en achetant des juments d’âge ayant fait leurs preuves à travers leurs productions. « J’ai commencé avec une fille de Quidam de Revel et une autre de Quick Star, puis ma bonne jument par Quat’Sous avec qui j’ai disputé les grands prix Pro 2. Nos premières pouliches prennent maintenant la relève. »

KINSHASA MAKAMBO THOM & Arnaud Rasquier - Crédit photo : PSV Photo

Déjà venus à Fontainebleau avec la génération des ‘F’ pour la finale des 6 ans, les Rasquier n’avaient plus eu la chance de fouler le terrain bellifontain, les produits étant vendus avant. « On aime venir, notamment pour montrer nos chevaux car nous sommes excentrés » explique-t-elle. « Kinshasa avait été sélectionnée pour les ventes Fences 2023 mais suite à un problème, nous l’avons rachetée et l’une des propriétaires de mon mari nous a proposé d’en acheter la moitié afin que l’on puisse poursuivre l’aventure. » Bien qu’orientés saut d’obstacles, ils aimeraient un jour goûter de nouveau au complet. « J’aimerais beaucoup faire naître un bon cheval pour cette discipline que j’admire. Je viens d’acheter une jument par Upsilon, qui avait été Très Bonne à 6 ans, pleine de Candy de Nantuel. » La nouvelle formule de ces finales satisfait le duo, d’autant plus que leur jument a terminé sur le podium. « Sans doute que d’autres à notre place préféreraient que l’on récompense davantage la régularité. Ce sont deux façons de juger un cheval, soit sur un championnat ponctuel, soit sur une saison » avance-t-elle. A la fois inséminateur et cavalier professionnel jusqu’à 1,45m, Arnaud Rasquier permet à l’exploitation d’être entièrement autonome dans la valorisation de ses produits. « Il est probable qu’avec l’augmentation des naissances, nous soyons obligés de revoir notre organisation » admet-elle. 

KINSHASA MAKAMBO THOM & Arnaud Rasquier - Crédit photo : PSV Photo

 

Cédric Demarcy, l'un de ses copropriétaires nous raconte cette belle aventure : "on est des amateurs purs ! C'est plutôt une fierté, une belle victoire pour tout le monde" :

 

Le palmarès de ce Championnat Cycle Classique 4 ans Juments 2024

1- Karaba Pam, sf (Balou du Rouet, old), née chez Hélène Kouassi et Cédric Demarcy (Hauts-de-France), montée par Emile Pein (Oise) – 8 sans faute sur 12 sorties – 209ème du Top 100 SHF – 610 € de gains

2- Karelle Dorado TG, sf (Eldorado van de Zeshoek, bwp), née chez Thomas Goutille (Auvergne-Rhône-Alpes), montée par Thomas Lévêque (Ain) – 9 sans faute sur 11 sorties – 151ème au Top 100 SHF – 625 € de gains

3- Kinshasa Makambo Thom, sf (Cicero Z), née au GAEC Elevage Thom (Nouvelle Aquitaine), montée par Arnaud Rasquier (Côtes d’Armor) – 8 sans faute sur 12 sorties – 209ème du Top 100 SHF – 610 € de gains

 

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Championnats Cycle Classique 2024