Environnement et cadre de vie, clés de la lutte contre l’asthme équin
L’asthme est une maladie de la domestication et le déclenchement de l’asthme sévère est directement lié à l’environnement. L’amélioration de la qualité de l’air que respire le cheval est la clé d’une rémission à long terme.
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Beaucoup de chevaux vivent en box peu ou mal ventilé, sur paille et mangent du foin sec : le système respiratoire du cheval est ainsi quotidiennement soumis à une grande quantité de poussières. La qualité de l’air respiré est fonction de la charge totale en poussières, la quantité de poussières respirables (particules de diamètre inférieur à 5 microns) et la composition de ces poussières (4).
De nombreux agents pro-inflammatoires sont présents dans la poussière des boxes et des écuries : endotoxines bactériennes, grande variété de moisissures, acariens de fourrage, plantes, débris et poussières inorganiques, et gaz toxiques (2).
De plus, le nettoyage des écuries est le moment où la quantité de poussières en suspension augmente de façon très importante (1).
En tant que professionnels de la santé des chevaux, les vétérinaires jouent un rôle essentiel dans l’identification des problèmes environnementaux mais la perception du risque par les propriétaires et la mise en œuvre des solutions peuvent être compliquées (6).
Une solution radicale de la gestion des chevaux asthmatiques consiste à retirer le cheval de l'environnement qui le rend malade et le mettre dehors en permanence. Quand ce n'est pas possible du fait des contraintes liées à l’utilisation des chevaux, deux approches majeures et complémentaires peuvent permettre de réduire l’exposition aux particules organiques et inorganiques inhalées. La première est l’utilisation d’aliments et de litières générant le moins de poussières possible, la seconde est l’amélioration de la ventilation pour une meilleure élimination des particules et des gaz toxiques (5).
- Le foin est la première source de particules. La composition du foin administré a une plus grande influence que la litière sur les concentrations en poussières respirables, endotoxines, spores de champignons et β-D-glucanes (1,5). Le foin sec est donc à retirer purement et simplement sous peine de voir les crises se prolonger et s'aggraver. Il peut être remplacé par une alimentation complète, du foin dépoussiéré en cube ou du foin traité thermiquement (exposition à de la vapeur d’eau à une température de 90° pendant 10 minutes) (3). Tremper le foin est un moyen peu coûteux de réduire la poussière inhalable, mais il favorise la croissance bactérienne et draine les sucres. L’optimum est de mouiller le foin pendant 10 minutes. L’ensilage et l’enrubanné peuvent également être de bonnes solutions. Concernant les granulés, il faut les choisir de bonne qualité, les moins poussiéreux possible et veiller à leurs conditions de stockage.
- La paille contient également des particules responsables de l'hypersensibilité comme le foin. Il est donc essentiel de changer les litières de paille pour des litières moins poussiéreuses (copeaux de bois dépoussiérés, litière de journaux, cartons...).
- Le stockage du foin et de la paille dans le bâtiment de l’écurie est également préjudiciable. Les aires de stockage dédiées à la litière et au fourrage devraient être protégées contre l’humidité et les contaminants du sol, régulièrement désinfectées et éloignées des dispositifs d’élimination du fumier, des pistes ou des routes (6).
- La ventilation et la température de l’écurie sont également très importantes à prendre en compte. La ventilation intervient sur l’ensemble des autres facteurs environnementaux : température, hygrométrie (taux d'humidité de l'air), contamination par les microbes, poussières, concentration des gaz toxiques. Une mauvaise ventilation crée de l’humidité et des poches d’air chaud qui favorisent la croissance de moisissures et de bactéries (6). La concentration et le nombre de particules inhalables varient avec la conception de l’écurie ainsi qu’avec l’emplacement des ouvertures dans les bâtiments. Les variations des concentrations de particules dépendent des pratiques de gestion, de l’heure de la journée et de la saison de l’année. Des pratiques telles que le balayage, l’utilisation de souffleurs ou l’entrée dans l’écurie avec un véhicule à moteur doivent être évitées, et les chevaux doivent être sortis lorsque les boxes sont nettoyés. En pratique, la question de la ventilation se pose essentiellement pour les écuries intérieures. Il n’a pas été établi de norme concernant le cheval mais on considère que les facteurs de pollution sont éliminés en proportion adaptée si le renouvellement d’air est suffisant pour évacuer la vapeur d’eau.
Le cas particulier de l’asthme au pré
Souvent associée à la vie en box, certains chevaux développent plutôt des signes cliniques alors qu’ils sont au pâturage l’été ; on parle alors d’asthme au pré. Cette affection est régulièrement diagnostiquée dans les régions au climat chaud et humide. La fréquence de cette maladie est estimée à environ 5%. Il est, dans ce cas, fondamental de retirer les chevaux souffrant d’asthme au pré des pâtures incriminées pour les confiner à l’écurie.
Bibliographie
- ART T., LEKEUX P. Gestion de l’environnement du cheval souffrant de troubles respiratoires. Pratique Vétérinaire Equine, 2004. 36 : 115-122.
- COUETIL L and coll. Inflammatory airway disease of horses. J.Vet. Intern. Med., 2007. 21, 356-361.
- DAUVILLIER J. Litière et alimentation : moyens d’actions ? Congrès annuel de l’AVEF, Paris, 13 et 14 décembre 2017. 27.
- ORARD M. Influence du foin “à la vapeur” sur la réponse immune de chevaux asthmatiques : du challenge d’exposition (in vivo) à la stimulation (in vitro) des macrophages alvéolaires. Biologie animale. Normandie Université, 2018. Français. NNT: 2018NORMC271. Tel-02159559.
- RICHARD E. Facteurs de risque d’asthme équin. Congrès annuel de l’AVEF, Paris, 13 et 14 décembre 2017. 23-25.
- VAN ERICK E. Evaluations et gestion de l'environnement. Congrès annuel de l'AVEF, Paris, 13 et 14 décembre 2017. 26.
Mouiller le foin pendant 10 minutes permet de réduire la poussière inhalable
Crédit : Emmanuelle Druoton
Texte par le Dr Sophie Paul-Jeanjean, responsable technique et scientifique de la gamme équine Boehringer Ingelheim.
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